Augmentation inquiétante de la corruption de « basse intensité » dans la police française
La police française fait face à une montée des affaires de corruption qualifiées de « basse intensité ». Celle qui touche principalement les agents en vas de la hiérarchie. Des scandales récents, comme celui impliquant une policière adjointe interpellée pour avoir vendu l’accès à des fichiers de police sur une chaîne Telegram ont mis en lumière cette tendance inquiétante.
Les accusations portées à l’encontre de Sephora O. et de sept autres personnes incluent leur participation présumée à un trafic de faux permis, de montres de luxe contrefaites et de fiches de police. Ces actes de corruption se multiplient au sein des forces de l’ordre, comme le révèle une augmentation significative du nombre d’enquêtes menées par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) entre 2021 et 2022.
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Si la proportion d’agents impliqués reste marginale (30 en 2021 et 56 en 2022), la cheffe de l’IGPN, Agnès Thibault-Lecuivre, a souligné une « augmentation objective des faits ». Elle évoque une « démocratisation » de l’accès aux fichiers de police et la numérisation des procédures comme facteurs contribuant à cette tendance.
Les groupes Telegram ont joué un rôle crucial dans cette expansion de la corruption, offrant une plateforme à l’échelle nationale pour le trafic d’informations confidentielles. Des policiers reçoivent d’ailleurs souvent des sollicitations sur ces mêmes messageries chiffrées pour participer à ces activités illicites. Les conséquences de ces actions sont graves, facilitant notamment la planification de crimes tels que des homicides en permettant aux criminels de vérifier s’ils figurent sur les fichiers des personnes recherchées.
12 000 en six mois
Les profils des fonctionnaires impliqués dans ces affaires sont variés, mais tous sont motivés par l’appât du gain. Sephora O. a ainsi avoué avoir perçu 12 000 euros en espèces en six mois. Les policiers adjoints, recrutés sans condition de diplôme et payés relativement peu, constituent un point de vulnérabilité particulier, souvent exposés à des sollicitations dans leur environnement social. Les services spécialisés comme l’Office anti-stupéfiants (Ofast) sont également ciblés en raison de l’accès à des fichiers sensibles.
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Face à cette menace croissante, des voix se sont élevées pour renforcer les mesures de prévention et de répression. Certains appellent à permettre à l’IGPN de mener des enquêtes d’initiative, tandis que d’autres suggèrent une mobilité plus régulière des effectifs entre les services et les régions pour réduire leur exposition à la tentation de la corruption.