Au PAC, les artistes racontent la migration

 Au PAC, les artistes racontent la migration

Barzakh, une installation de Lydia Ourahmane, exposée du 5 juin au 24 octobre 2021, au Triangle – Astérides, à la Friche la Belle de Mai, à Marseille. Crédit photo : PAC

« Cet incessant désir de récolte », tel est le titre du 13ème Printemps de l’Art Contemporain (PAC) qui se déroule du 13 mai au 13 juin à Marseille, Aix-en-Provence et villes avoisinantes. Après de longs mois d’abstinence, ce festival nous propose l’abondance, soit 500 artistes dans le cadre de 100 expositions, performances et installations. Focus sur les œuvres qui évoquent les traversées et les frontières.

 

Hasard du calendrier bousculé par la pandémie, le PAC et la Saison Africa2020 se chevauchent comme pour souligner combien les problématiques qui inspirent les artistes se rejoignent quel que soit le continent qui les a vu naître. Les migrants, sujet d’une brûlante actualité, se retrouvent aussi au cœur du travail des artistes contemporains du Chinois Ai Weiwei au Franco-Syrien Bady Dalloul, qui a immortalisé dans un dessin le jeune Aylan Kurdi, garçonnet de trois ans dont le corps avait été rejeté sur une plage turque en 2015.

Le Camerounais Yvon Ngassam, dont l’œuvre est présentée au couvent de la Cômerie, jusqu’au 23 juillet, lui, s’est glissé dans la peau d’un jeune homme qui trouve la mort lors de son périple vers l’Europe. L’installation sobrement nommée ( – ) fait partie de l’exposition collective Réinventer le monde… à l’aube des traversées, qui réunit les artistes des Ateliers Sahm de Brazzaville.

Mais nul besoin d’être né sur le continent africain pour se sentir concerné par cette question. A quelques kilomètres de Marseille, dans la calanque Le Mugel, vers la Ciotat, Juliette Feck joue les Sirènes dans une installation/performance du même nom. Cette artiste a semé treize sculptures en faillance verte représentant des mains. Elles émergent autour des rochers. Leur couleur verte évoque celles des corps qu’avalent la Méditerranée ; sa manière de rappeler que cette mer est devenue un cimetière.

Au PAC, les artistes racontent la migration
Juliette Feck, « Les Sirènes, performance » – Anse du Grand Mugel, PAC 2021.

A l’Urban Gallery, Laurent Lacotte propose un projet photographique nommé Dérives où les notions de frontières et zones de transit sont très présentes.  Dans la cour de la galerie, il nous surprend avec une étonnante installation imaginée in situ. J’ai traversé des océans d’éternité pour vous trouver (2021) tire son titre du film Dracula de Francis Ford Coppola.

Elle consiste en un dériveur dont la voile est tissée à partir de vêtements de Marseillais aux origines diverses. Dans le film, le vampire a « pris la mer pour retrouver une espérance et accomplir son destin ». Le migrant, l’étranger, tout comme cette figure imaginaire, suscite fascination et répulsion.

Pour Laurent Lacotte, il s’agit là « d’allégories qui cristallisent les peurs et les désirs de l’homme, les affres et les monstruosités des sociétés en crise ». Imagine est le nom de ce bateau comme une invitation à garder espoir.

Au PAC, les artistes racontent la migration
« J’ai traversé des océans d’éternité pour vous trouver », une installation de Laurent Lacotte à l’Urban Gallery.

 

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