Au moins un féminicide par semaine en Algérie, selon un rapport
L’Algérie est l’un des pays les plus dangeureux pour les femmes selon un rapport. Roos Koole / ANP / ANP via AFP
Entre 2019 et 2022, au moins 228 femmes ont été victimes de féminicides en Algérie, révèle un rapport présenté samedi près d’Alger par le collectif « Féminicides Algérie ». La moitié des victimes étaient des mères de famille, et 16 d’entre elles étaient enceintes lors de leurs meurtres. Depuis le début de l’année 2023, ce sont 33 autres femmes qui ont été tuées.
L’étude souligne qu’au moins une femme est assassinée chaque semaine en Algérie. Les méthodes de meurtre varient, allant du couteau à des égorgements, des tirs d’arme à feu, et même des cas d’immolation. La motivation commune derrière ces atrocités est l’appartenance au sexe féminin, une triste réalité dans une société profondément imprégnée de conservatisme et de patriarcat.
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Le rapport dévoile également que près de 80 % des féminicides sont perpétrés par des membres de la famille des victimes, dont 61 % par des conjoints. La maison, loin d’être un sanctuaire sécurisé, est souvent le lieu où les femmes et les filles sont le plus en danger.
Il est à noter que certains conjoints meurtriers sont des policiers ou des militaires ayant utilisé leur arme de service. Des jeunes, y compris des fils, apparaissent par ailleurs parfois comme auteurs de ces crimes. Dans certains cas, des familles entières ont été complices, comme dans l’assassinat de Nihal, 19 ans, en mars 2022, justifié comme un « crime d’honneur » en raison de sa grossesse hors mariage.
Afrique, continent le plus dangereux pour les femmes
Le collectif dénonce les lacunes du système judiciaire algérien, critiquant son incapacité à protéger adéquatement les femmes contre ces violences et à sanctionner de manière appropriée les auteurs de féminicides.
Les membres du collectif soulignent que sur les 13 condamnations à mort prononcées en Algérie au cours des quatre dernières années, toutes ont été commuées en réclusion à perpétuité conformément au moratoire sur la peine de mort en vigueur depuis 1993. Cette clémence est perçue comme une réponse insuffisante face à une crise nationale persistante.
Au total, 20 000 femmes ont été victimes de meurtres en Afrique en 2022, selon un rapport de l’ONU. Le continent passe ainsi devant l’Asie comme région comptant le plus grand nombre total de victimes. L’Afrique est aussi le continent affichant le plus haut taux de féminicides dans le monde avec 2,8 victimes pour 100 000 femmes. Et ce, malgré le manque de données dans certains pays. Sénégal est même le pays le plus dangereux pour les femmes où elles représentent 87% des victimes.
