Au moins 1200 Tunisiens expulsés de France en 2021

 Au moins 1200 Tunisiens expulsés de France en 2021

Nous avions déjà pris connaissance, fin janvier, des chiffres record des expulsions des ressortissants tunisiens en provenance d’Italie pour l’année 2021. Hier 10 mars, ce sont cette fois les chiffres des expulsions de Tunisiens depuis la France qui sont tombés, des statistiques non moins historiques.  

En pointe dans le suivi de ce très opaque dossier, c’est le député tunisien suspendu Majdi Karbai (Courant démocrate) qui a annoncé que le nombre de Tunisiens expulsés de France en 2021 est d’environ 1200, reprenant la base de données Eurostat, organe officiel de la Commission européenne.

« Remercions les autorités tunisiennes pour ces accords : ces chiffres représenteront à n’en pas douter une matière consistante pour Emmanuel Macron au chapitre de ses réalisations dans son programme électoral », a ironisé l’élu hier jeudi sur les réseaux sociaux, insinuant que l’actuel pouvoir tunisien a collaboré avec le président français sortant, candidat à la présidentielle d’avril prochain.

Car si Macron a récemment annoncé qu’il ne débattra pas avec les autres candidats avant le second tour, ces chiffres font de facto office d’argument efficace face à ses principaux adversaires de la droite radicale française qui a fait du dossier migratoire pour ce rendez-vous électoral une obsession thématique majeure.

 

Objectif 3400 migrants tunisiens expulsés

Fin 2021, le porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), Romdhane Ben Amor, avait révélé que selon des données recueillies auprès de sources françaises officielles informées, « la France aurait en réalité l’intention d’expulser plus de 3.400 migrants tunisiens en situation irrégulière ». Une politique du chiffre, qui même si elle n’a pas encore atteint ses résultats escomptés, semble avoir atteint son rythme de croisière.

A l’abri des regards de la capitale, les expulsés sont débarqués dans des aéroports secondaires dont celui de Tabarka. Nous avons pris contact avec l’un d’entre eux, Aymen, 29 ans, originaire de Sfax, qui dit avoir l’intention de retourner en Europe dès qu’il en aura à nouveau l’occasion. « Nous étions quelques dizaines dans le même vol, rapatriés suite à des contrôles d’identité. Nous avons passé 3 jours dans un centre de détention sous haute surveillance, le temps que les vérifications du pays d’origine se fassent. Il y avait là uniquement des Tunisiens, ce qui m’a surpris. J’aimerais demander à nos dirigeants pourquoi ce traitement nous vise-t-il nous seulement, et pas les autres nationalités… ».

Rappelons en effet que selon les statistiques du ministère de l’Intérieur italien s’agissant des expulsions par voie aérienne de migrants non réguliers, pas moins de 1872 Tunisiens avaient été expulsés en 2021, contre uniquement 2 algériens, 12 marocains, et 231 Egyptiens.

Des chiffres qui interrogent sur les motivations politiques de ces accords, la Tunisie étant concernée à un degré moindre par le récent durcissement par la France de l’obtention de visas que ses voisins maghrébins, à hauteur de 30%, contre 50% pour le Maroc et l’Algérie.

 

>> Lire aussi : France. Expulsions : la Tunisie considérée comme « bon élève »