Attaque d’un fourgon pénitentiaire : un hommage prévu et un blocage en suspens

 Attaque d’un fourgon pénitentiaire : un hommage prévu et un blocage en suspens

Le fourgon pénitentiaire qui transportait un détenu, criblé de balles, photographié sur le site de l’attaque à la voiture-bélier qui a eu lieu à un péage routier à Incarville dans l’Eure, dans le nord de la France, le 14 mai 2024. Deux agents pénitentiaires ont été tués et deux autres blessés. (Photo d’ALAIN JOCARD / AFP)

Attaque mortelle, blocages, le climat dans les prisons françaises est très tendu. Une situation qui remet en lumière des problèmes persistants depuis de nombreuses années.

Capture d'écran issue de la vidéosurveillance du péage routier, montrant une Peugeot noire volée percutant le fourgon pénitentiaire, lors de l’attaque du 14 mai 2024.
Capture d’écran issue de la vidéosurveillance du péage routier, montrant une Peugeot noire volée percutant le fourgon pénitentiaire, lors de l’attaque du 14 mai 2024. AFP

« Le Président de la République rendra un hommage national mercredi à Caen au capitaine pénitentiaire Fabrice Moello et au surveillant brigadier Arnaud Garcia lâchement assassinés dans l’exercice de leur mission », déclarait Eric Dupond-Moretti, sur X, samedi 19 mai.

Suite à l’attaque mortelle survenue mardi dernier (14 mai) à Incarville (Eure), lors d’un transfert d’un détenu, le personnel pénitentiaire a entamé un mouvement de blocage des prisons dans toute la France.

Des blocages qui viennent aggraver des conditions de détention déjà déplorables dénoncées dans le rapport annuel de la Contrôleure générale des lieux de privations de liberté (CGLPL), Dominique Simonnot, rendu public le 15 mai.

Droits fondamentaux

Vendredi dernier (17 mai), l’Observatoire international des prisons (OIP) déplorait ce drame ayant coûté la vie à deux agents pénitentiaires. L’OIP faisait également part de messages reçus de la part de personnes détenues au sujet de la dégradation des conditions dans les prisons depuis le blocage.

« Elles témoignent de leur détresse et de leur vulnérabilité face à ce qui s’apparente à une punition collective pour un crime dont elles ne portent nullement la responsabilité », affirme l’Observatoire. Enfermement total en cellule, pas de ramassage des ordures, activités suspendues, parloirs annulés, l’OIP regrette que les droits fondamentaux des détenus pâtissent d’un crime qu’ils n’ont pas commis.

« Les prisons françaises sont malades »

Mercredi soir (15 mai), suite à une première réunion avec des représentants des agents pénitentiaires, le ministère de la Justice a émis un document pour résumer ses engagements. Ceux-ci dépendront fortement des possibilités budgétaires.

« On risque de nous dire que ça coûte trop cher (…) Les prisons françaises sont malades depuis 30 ans, et le Dr Dupond-Moretti nous fait une ordonnance avec du paracétamol », ironisait Wilfried Fonck du Syndicat UFAP UNSa Justice.

Vendredi (17 mai), suite à une nouvelle rencontre au ministère de la Justice, le syndicat indiquait suspendre le mouvement « afin de consulter le terrain sur le dernier relevé de décisions transmis ce jour en fin d’après-midi et de recueillir son avis (…) Mardi matin [21 mai, ndlr], elle transmettra la réponse du terrain ».