Japon : migrants et sans-abris envoyés décontaminer le site de Fukushima
Les Nations unies s’alarment des conséquences des conditions de travail sur la santé des milliers de travailleurs envoyés décontaminer le site de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Parmi eux figurent beaucoup de migrants, demandeurs d’asile et sans-abris, s’alarment les rapporteurs de l’ONU à l’issue de leur mission au Japon.
« Les travailleurs engagés pour décontaminer Fukushima incluraient des travailleurs migrants, des demandeurs d'asile et des personnes sans abri », ont indiqué trois experts des Nations-Unies. « Nous sommes profondément préoccupés par le fait qu’ils seraient exploités en n’étant pas informés des risques d’exposition aux rayonnements, qu’ils seraient forcés d’accepter des conditions de travail dangereuses en raison des difficultés économiques et par le caractère inadéquat des mesures de formation et de protection », ont-ils ajouté.
Selon eux, la zone où opèrent ces travailleurs continue à présenter un risque majeur pour leur santé physique et mentale. En mars 2011, un séisme suivi d’un tsunami ont provoqué la pire catastrophe nucléaire dans le monde depuis l’explosion de la centrale de Tchernobyl en 1986.
Une enquête menée par le ministère de la Justice japonais avait déjà démontré en juillet que quatre entreprises de construction avaient engagé des stagiaires étrangers pour les travaux de décontamination de la centrale nucléaire. L'une de ces compagnies ne payait ses stagiaires que 2 000 yens (16 euros) la journée, alors que le gouvernement fournissait une indemnité spéciale de 6 600 yens (52 euros) pour ce type de travaux.
Au total, plusieurs dizaines de milliers de travailleurs ont été recrutés depuis sept ans pour décontaminer la zone. Les trois experts de l’ONU se sont dit « très inquiets à propos de cette possible exploitation résultant de la duperie » lors de la présentation du rapport.
Ces experts sont Baskut Tuncak, Rapporteur spécial sur les conséquences pour les droits de l'homme de la gestion et de l'élimination écologiquement rationnelles des substances et déchets dangereux ; Urmila Bhoola, Rapporteure spéciale sur les formes contemporaines d'esclavage, ses causes et ses conséquences ; et Dainius Puras, Rapporteur spécial sur le droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale susceptible d'être atteint.
Rached Cherif