Arrestation de trois membres d’un équipage Tunisair en France : les détails
Un steward et deux hôtesses de l’air faisant partie de l’équipage assurant le vol 931 Tunisair Tunis – Marseille ont été arrêtés le 21 mars apprend-on, en flagrant délit, par les autorités douanières françaises à l’aéroport de Marseille – Provence pour avoir commis une importante infraction douanière.
Visiblement soucieuse de soigner sa com’, aussitôt la nouvelle ébruitée par les réseaux sociaux, la compagnie aérienne nationale Tunisair a voulu prendre les devants en annonçant elle-même sur sa page officielle avoir pris acte de l’infraction et décidé de suspendre à titre préventif les trois employés en question, en attendant les résultats de l’enquête.
Dans l’embarras, l’administration du transporteur national a dans un second post dédié à l’affaire présenté ses excuses aux voyageurs restés bloqués à Marseille, assurant avoir pris les dispositions nécessaires pour les transférer sur un autre vol le soir même à 20h00.
MISE A JOUR mardi 23 mars 09h30 : Deux membres du personnel navigant : un steward et une hôtesse de l’air, ont été libérés, par les autorités françaises. Mais la troisième hôtesse a été maintenue en garde à vue pour poursuite des investigations. Une décision qui s’explique par le fait que « la concernée a été reconnue comme récidiviste ».
Récidive et trafic très lucratif
L’affaire est d’autant plus délicate pour la direction que Tunisair venait d’accueillir quelques jours auparavant son nouveau PDG, après le fiasco de l’éphémère passage à la tête de la compagnie de la jeune Olfa Hamdi, limogée après moins de 6 semaines d’exercice pour avoir enfreint l’obligation de réserve.
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48 heures plus tard, nous en savons davantage sur l’affaire du délit commis à l’aéroport de Marseille.
Les deux hôtesses de l’air et le chef de cabine incriminés auraient été arrêtés à la suite d’une embuscade tendue en réaction à de précédentes opérations de contrebande présumée de cigarettes via Tunisair. Cela a cloué au sol l’avion qui, faute d’équipage n’a pu continuer son vol vers Paris.
Dans les bagages transportés à l’intérieur de la soute de l’appareil, une fouille aurait permis de saisir près de 3000 cartouches de cigarettes. La fouille des poubelles a été filmée par des passagers. « A plus de 10 euros le paquet, cela devient du sérieux… On parle de dizaines de milliers d’euros ! », commente une source sur place, tandis que d’autres évoquent au minimum 60 cartouches par vol.
Les trois suspects demeurent à l’heure qu’il est détenus dans la zone d’attente pour personnes en instance (Zapi). Interpellé à ce sujet, le consul général de Tunisie à Marseille a rendu visite aux voyageurs qui n’ont pu continuer le voyage.
Nous apprenons par ailleurs que l’une des détenues dans l’incident avait été suspendue quelques mois avant cela en raison d’une précédente opération similaire de contrebande. Le syndicat UGTT serait alors intervenu à l’époque pour qu’elle réintègre son poste, évoquant des pressions fréquentes de la part de passagers et de parties tierces exercées sur l’équipage pour servir d’intermédiaires.
« Nous avons à maintes reprises demandé à la direction d’alterner les équipes à bord de certaines lignes de sorte d’éviter en amont ce type de tentations », affirme aujourd’hui un responsable syndical qui évoque « un harcèlement » de ses collègues.
En France, les récentes augmentations des prix des paquets de cigarettes les font avoisiner désormais les 10 euros. A titre de comparaison, malgré les hausses des prix côté tunisien, les paquets des marques d’importation les plus onéreuses se négocient à peine plus de 2 euros le paquet. D’où l’appât du gain s’agissant de marges potentielles de l’ordre du simple au quadruple.
Des membres de l’équipage du bateau Tanit avait été pour rappel arrêtés fin 2020 à Marseille dans une affaire semblable.
L’année 2020 a été marquée à la fois par une baisse de la contrebande de cigarettes (cigarettes achetées à l’étranger), et par une hausse des ventes de cigarettes de contrefaçon, selon une étude Seita publiée par Le Figaro. Une baisse de des achats frontaliers qui est toutefois en trompe-l’œil, puisqu’elle s’inscrit dans le contexte de la crise sanitaire, des confinements et des fermetures des frontières.