Arrestation de Sonia Dahmani : en Europe, les soutiens font entendre leurs voix

 Arrestation de Sonia Dahmani : en Europe, les soutiens font entendre leurs voix

Les soutiens se multiplient après l’arrestation de l’avocate tunisienne Sonia Dahmani. Les voix s’élèvent en France pour demander le respect de la liberté d’expression.

« Le SAF exige la libération immédiate de notre consœur Sonia Dahmani et demande l’arrêt des procédures judiciaires engagées contre les avocats et journalistes dans l’exercice de leur droit à la liberté d’expression », réagissait hier (15 mai) le Syndicat des avocats de France (SAF).

Les images de son arrestation ont choqué. Samedi soir (11 mai), des hommes cagoulés ont violemment interpellé Sonia Dahmani, avocate au barreau de Tunisie et chroniqueuse, au sein de la Maison de l’avocat où elle s’était réfugiée.

Suite à des propos sarcastiques sur la politique du gouvernement, cette dernière est visée pour une enquête pour diffusion de « fausses informations dans le but de porter atteinte à la sûreté publique » et « incitation à un discours de la haine ».

Prison

En septembre 2022, le président Kaïs Saïed promulguait le décret-loi 54. En vertu de celui-ci, Sonia Dahmani encourt jusqu’à cinq ans de prison, puisqu’elle est accusée de « rédiger, produire, diffuser (ou) répandre de fausses nouvelles (…) dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui ou de porter préjudice à la sécurité publique ».

Le SAF s’indigne de la façon dont est traitée l’avocate et rappelle la loi. « L’article 23 des Principes de base des Nations unies relatifs au rôle du barreau consacre le droit pour les avocats, comme tous les autres citoyens, de jouir de la liberté d’expression (…) et en particulier, le droit de prendre part à des discussions publiques portant sur le droit », souligne le syndicat.

Ce dernier cite également l’article 16 de ces Principes qui « fait obligation aux pouvoirs publics de veiller à ce que les avocats puissent s’acquitter de toutes leurs fonctions professionnelles sans entrave, intimidation, harcèlement ni ingérence indue ».

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Eclaircissements demandés

De l’autre côté de la Méditerranée, cette arrestation a abasourdi. En France, le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères Christophe Lemoine rappelait mardi (14 mai) que « la liberté d’expression et la liberté d’association, comme l’indépendance de la justice et les droits de la défense, sont des principes garantis par la Constitution tunisienne ainsi que par les conventions des Nations unies auxquelles la Tunisie comme la France ont souscrit ».

L’Union européenne a, quant à elle, exprimé son « inquiétude » concernant le climat actuel en Tunisie et la multiplication des arrestations de figures de la société civile.

Nabila Massrali, porte-parole de la diplomatie européenne, précisait : « Des éclaircissements sur les raisons de ces arrestations ont été demandés localement par la délégation de l’UE aux autorités tunisiennes ».

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