Appels à militariser les hôpitaux publics en Tunisie
Face à une situation épidémiologique et sécuritaire toujours plus préoccupante en Tunisie, des femmes et des hommes des médias appellent à « militariser les hôpitaux publics », en créant notamment un poste de sécurité dans chaque hôpital.
La demande en question, formulée aujourd’hui vendredi 6 novembre 2020, intervient à la suite de l’agression d’une médecin généraliste responsable du service de la santé de base à Saïdia, délégation d’Oued Ellil, dans le gouvernorat de la Manouba près de Tunis. « La doctoresse a été victime d’une agression verbale et physique », apprend-on. Une agression qui a eu lieu mercredi 4 novembre et qui a résulté en de multiples lésions au dos du médecin, sur fond de milieux hospitaliers débordés par la pandémie de Covid-19.
Pour l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani « il est plus que jamais nécessaire de sécuriser les hôpitaux surtout après la multiplication des agressions de ce type. Elle rappelle un autre fait divers récent, survenu à l’hôpital de la Rabta dans la capitale, où des individus armés avaient fait irruption pour agresser des médecins et des infirmiers, s’estimant lésés par le personnel médical.
Même position pour l’ex architecte de la communication de l’ancien régime, Borhene Bsais, qui a appelé à militariser les hôpitaux publics pour la protection des citoyens et du staff médical et paramédical.
15 gouvernorats enregistrent une forte propagation du virus
De son côté le ministre de la Santé, Faouzi Mehdi, a déclaré lors d’une séance plénière au Parlement que la situation épidémique dans le pays est « en passe de se stabiliser » sur le plan du nombre de décès et de contaminations, depuis les dernières mesures de couvre-feu renforcé dans le pays.
Cet ancien médecin militaire précise néanmoins que pas moins de 15 gouvernorats sur 24 au total enregistrent une hausse substantielle de la vitesse de propagation du Coronavirus, avec désormais une moyenne de 100 cas sur 100 000 habitants. La moyenne d’âge des porteurs du virus est par ailleurs de 44 ans.
Le ministre avait en outre déclaré lors d’une conférence de presse tenue mercredi que 29 décès et 1237 nouveaux cas de coronavirus ont été enregistrés en une seule journée. Il a ajouté qu’une plate-forme médicale à distance sera adoptée pour traiter dorénavant les personnes atteintes, en plus de la fourniture d’équipement d’oxygène et de respirateurs à domicile.
Propos à charge contre les responsables politiques
Le jeune médecin polémiste Zakaria Bouguira a dans ce contexte refait parler de lui. L’ansthésiste réanimateur a traité les dirigeants qui ont pris la décision de rouvrir les frontières cet été d’« imbéciles », d’autant que la classification des pays en Tunisie était parfois arbitraire selon lui, non élaborée en fonction de la propagation du virus dans certains pays d’Europe.
« Les autorités tunisiennes ont ouvert les frontières pour sauver une saison touristique face à une pandémie », déplore-t-il. Selon le médecin, il aurait fallu investir dans le tourisme local après l’enregistrement de zéro cas de contamination dans le pays.
Ironique, le trentenaire s’excuse néanmoins d’avoir traité les dirigeants d’imbéciles, « ceci les innocentent face à leur crime ». « Un crime contre les Tunisiens qui souffrent de la Covid-19 ou qui souffrent après avoir perdu un proche », renchérit-il.
Des leur côté, en attendant le vaccin anti covid-19, les autorités tentent tant bien que mal de mettre à disposition des Tunisiens les premiers lots de vaccins contre la grippe saisonnière. Le premier lot était arrivé en Tunisie le 2 novembre.
Face aux stocks limités, les autorités de tutelle cherchent à trouver un accord avec les pharmacies privées pour la distribution du vaccin. Seules les personnes âgées ou qui ont besoin du vaccin auront droit à la vaccination dans un premier temps. Ces dernières devront montrer un certificat qui prouvent qu’ils souffrent d’une maladie chronique.