Appel à la Régularisation d’Urgence pour les Médecins Étrangers en France
Des médecins étrangers, cruciaux pour les services médicaux français, risquent la perte de leur emploi en raison de l’expiration de certains statuts d’embauche. Syndicats et chefs de service tirent la sonnette d’alarme et craignent un effondrement de certains services faute de régularisation urgente de ces médecins indispensables.
Depuis plus de deux décennies, la pénurie médicale a contraint de nombreux établissements de santé à recruter des médecins en dehors de l’UE. Ces praticiens à diplôme étranger, souvent mal rémunérés et sous contrats courts, remplissent des rôles similaires à ceux des médecins seniors. Leur salaire est généralement de 1 500 et 2 200 euros mensuels, contre 3 700 à 7 500 euros pour leurs confrères ayant un diplôme européen.
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Actuellement entre 4 000 et 5 000 de ces praticiens, appelés « PADHUE » (praticien à diplôme hors Union européenne), travaillent en France. Leur nombre a augmenté pendant la pandémie de Covid-19 lorsque les hôpitaux, épuisés, cherchaient des renforts. Ces médecins doivent normalement passer un concours sélectif, les « épreuves de vérification des connaissances » (EVC), avant de pouvoir exercer pleinement.
Concours de la dernière chance
Or, un régime dérogatoire qui a permis le maintien en poste de non-lauréats a pris fin le 31 décembre 2023, rendant impossible le renouvellement de leurs contrats. La compétition pour les postes est intense, avec seulement 2 700 postes ouverts pour 10 000 à 20 000 candidats lors des prochains EVC, dernière chance pour obtenir le précieux sésame.
Des praticiens se retrouvent donc dans une situation précaire même s’ils assurent le bon fonctionnement des services, souvent au prix de semaines allant bien au-delà des 50 ou 60 heures. Pire, nombre d’entre eux risquent de se retrouver sans-papiers en cas de non-renouvellement de leurs statuts. « 2.000 médecins sont sur le carreau », pour certains « sans-papiers », dénonce un représentant de l’IPADECC, l’un des syndicats spécialisés dans leur défense. Une estimation que partagent la CGT et FO.
Ils font tourner des services entiers
Les chefs de service et responsables hospitaliers soulignent que dans certains territoires, les services dépendent fortement de ces médecins étrangers. La récente réforme qui confie l’affectation des postes des lauréats aux services de l’État n’est pas adaptée aux besoins réels des hôpitaux, estiment-ils. Aux urgences Delafontaine de Saint-Denis, près du Stade de France, trois médecins sont diplômés en France sur la trentaine de l’établissement. Les autres sont ex-Padhue ou Padhue, selon un chef de service.
Dans un communiqué, la coalition syndicale Action praticiens hôpital et le spécialisé SNPADHUE, appellent à un « moratoire » pour examiner chaque dossier en commission, sans concours. Il est « essentiel » de vérifier leurs compétences, estiment-ils, mais aussi de leur offrir rapidement un « statut pérenne » et digne.
Mardi, Emmanuel Macron a promis de « régulariser nombre de médecins étrangers », sans dire ni comment ni quand.