Appel à la mobilisation internationale pour Khaled Drareni
Les avocats et soutiens de Khaled Drareni ont lancé mercredi un appel à la mobilisation internationale pour obtenir sa libération. Le journaliste algérien est devenu un symbole du combat pour la liberté de la presse depuis son arrestation en mars. Il a été condamné lundi à trois ans de prison pour « atteinte à l’unité nationale ».
« Nous lançons un appel aux citoyens, aux élites, à tous les journalistes, où qu’ils soient, à l’intérieur et à l’extérieur du pays », a plaidé l’avocate Zoubida Assoul lors d’une conférence de presse à Alger. Il faut que « nous nous mobilisions pour faire barrage à ces pratiques », a exhorté l’avocat. Me Assoul est elle-même dirigeante d’un petit parti d’opposition, l’Union pour le changement et le progrès (UCP).
M. Drareni, 40 ans, est le directeur du site d’information en ligne Casbah Tribune. Il est également correspondant en Algérie pour la chaîne francophone TV5 Monde et l’ONG Reporters sans frontières (RSF). Incarcéré depuis le 29 mars, il a été condamné lundi à Alger à trois ans d’emprisonnement et à une lourde amende pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l’unité nationale ».
La justice lui reproche sa couverture le 7 mars à Alger d’une manifestation du « Hirak », le soulèvement populaire qui a secoué l’Algérie pendant plus d’un an. Lors de son procès par visioconférence le 3 août, les juges ont notamment reproché à Khaled Drareni d’avoir critiqué sur Facebook le système politique, selon RSF.
« Comment les vidéos qu’il partage sur les réseaux (…) peuvent-elles être considérées comme un crime puni par la loi ? », s’est interrogé un autre membre de son collectif de défense, Me Abdelghani Badi. Khaled Drareni « écope de la sentence la plus lourde depuis le début des procès des militants du “Hirak” », a-t-il déploré.
Sentence choquante
La sévérité de la sentence a choqué ses collègues à Alger et suscité de vives protestations des défenseurs des droits. Mercredi, plus de 30 ONG tunisiennes ont exprimé leur solidarité et appelé à la libération « immédiate » et « sans condition » du journaliste algérien. Par ailleurs, plusieurs pétitions en ligne circulent pour appeler à la libération de M. Drareni.
La justice algérienne a multiplié ces derniers mois les condamnations de militants, d’opposants politiques, de journalistes et de blogueurs. Lors d’une rencontre avec des médias algériens début mai, le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait laissé entendre, sans jamais le citer, que Khaled Drareni était un espion au service d’ambassades étrangères.