Appel à la justice pour les médecins étrangers en France

 Appel à la justice pour les médecins étrangers en France

Consultation avec un médecin (Illustration) – AMELIE-BENOIST / BSIP / BSIP via AFP

Bien que ces médecins soient indispensables au système français de santé (notamment hospitalier), les Praticiens Diplômés Hors de l’Union européenne (PADHUE) continuent d’être maltraités tant au niveau de leurs statuts que de leurs rémunérations. Dans une tribune que nous publions, plusieurs organisations et 137 signataires demandent une titularisation juste et transparente des PADHUE et plus de justice les concernant.

Alors que le Président de la République et plusieurs responsables politiques plaident pour la régularisation des praticiens diplômés hors Union européenne (PADHUE), la réalité est tout autre : ces professionnels, essentiels à notre système de santé, sont maintenus dans une précarité inacceptable et une incertitude permanente. Leur titularisation, censée garantir leur pleine reconnaissance, est aujourd’hui entravée par des suppressions de postes arbitraires et des critères d’évaluation incohérents.

Un personnel médical indispensable, mais précarisé

Les PADHUE assurent des soins vitaux, prennent en charge les urgences et pallient le manque criant de médecins dans de nombreux hôpitaux. Pourtant, ils sont piégés dans une précarité multiple. Financièrement, ils sont rémunérés un peu au-dessus du SMIC. Comment accepter qu’un médecin, indispensable au fonctionnement de nos hôpitaux, puisse être mis à la porte du jour au lendemain, non pas pour incompétence, mais par incohérence de notre système.

Pendant la crise du COVID-19, leur engagement avait été reconnu par un statut spécifique. Mais depuis, la loi VALLETOUX les a plongés dans un vide juridique, les contraignant à repasser un concours sans prise en compte de leur expérience. Dans certains hôpitaux, ces praticiens représentent entre 40 et 50 % des effectifs médicaux et assurent des gardes allant jusqu’à 70 heures par semaine pour pallier le manque criant de personnels. Pourtant, ils sont menacés d’exclusion pure et simple du système hospitalier.

Une titularisation entravée par l’opacité et l’injustice

Le décret de mai 2024 prévoyait 4 000 postes pour les PADHUE. Pourtant, seuls 3 228 auraient été attribués, sans justification. Pire, la liste complémentaire, censée n’être activée qu’en cas de postes vacants, est utilisée de manière détournée, favorisant des candidats moins bien classés au détriment de praticiens expérimentés.

Des cas aberrants se multiplient : des chirurgiens recalés malgré une moyenne de 14,25, tandis que d’autres sont admis avec des notes inférieures à 10. En médecine générale, sur 3 000 candidats inscrits, seuls un peu plus de 500 ont été admis, alors que 263 postes ont été supprimés. Des coupes similaires ont été constatées en psychiatrie, en chirurgie viscérale et digestive ou encore en urologie, alors même que les besoins sont immenses.

Une mobilisation qui ne peut être ignorée

Face à cette injustice, près de 300 PADHUE ont entamé une grève de la faim du 5 mars 2025 au 12 mars 2025, tout en continuant d’assurer la permanence des soins. Ce mouvement inédit révèle l’urgence d’une réforme en profondeur. Nous ne pouvons accepter qu’un médecin en poste depuis six ans soit interdit d’exercer, alors même que ses connaissances médicales sont démontrées par ses résultats et reconnues par sa hiérarchie, alors que les déserts médicaux s’étendent. Nous refusons que des praticiens ayant prouvé leur compétence soient exclus après quatre tentatives au concours, tandis que des postes restent vacants faute d’une politique cohérente.

Il est inadmissible de leur demander d’attendre encore la réforme prévue en 2026, alors que des postes ont été supprimés et que leurs notes sont supérieures à celles de certains autres candidats admis dans d’autres spécialités.

Nos demandes immédiates :

  • Le respect des postes annoncés : les 4 000 postes prévus doivent être intégralement pourvus, sans suppressions arbitraires.
  • L’égalité de traitement des candidats : la liste principale doit être prioritaire et la liste complémentaire ne doit être activée que pour combler des postes réellement vacants.
  • Une reconnaissance de l’expérience professionnelle : tout praticien exerçant en France et ayant obtenu une moyenne supérieure à 10 doit pouvoir intégrer un parcours de consolidation des compétences.
  • Une réévaluation des candidatures recalées, pour restaurer la transparence et la justice dans le processus de sélection.

Pour la justice et l’avenir de notre système de santé

Alors que la France manque cruellement de soignants, refuser la titularisation de praticiens expérimentés et pleinement intégrés à notre hôpital public est une aberration. Nous, praticiens hospitaliers, praticiens contractuels, chefs de service, présidents de CME, syndicats et associations des praticiens, médecins libéraux et leurs syndicats, nous nous tenons aux côtés des PADHUE et exigeons une réforme immédiate pour leur garantir un avenir digne et une reconnaissance à la hauteur de leur engagement. Il est grand temps de rétablir l’équité, la transparence et la justice pour ces médecins qui consacrent leur vie à soigner la population française.

La liste des signataires : ici