Amnesty International s’inquiète pour la liberté d’expression en Tunisie
Amnesty International a déploré, lundi 9 novembre, les poursuites récentes lancées en Tunisie contre des internautes pour de simples critiques envers les autorités. Les actions en justice se basent sur des lois « remontant à l’époque de la répression », s’inquiète l’ONG, qui appelle le gouvernement à les réformer.
La justice a entamé depuis 2018 des poursuites contre « au moins 40 internautes blogueurs, animateurs de pages Facebook très suivies, militants politiques ou défenseurs des droits humains » en Tunisie, indique Amnesty International dans un communiqué.
L’ONG a recensé ces cas sur les deux dernières années dans un rapport détaillé (en anglais). Aucun n’a débouché sur une condamnation à de la prison, même si les chefs d’accusation étaient passibles de peine d’emprisonnement.
Mais, « la convocation aux interrogatoires, les actes d’accusation et les procès eux-mêmes (…) constituent du harcèlement et de l’intimidation à l’encontre de personnes exprimant des opinions critiques », déplore Amnesty.
Répression de critiques légitimes
Cette dernière s’étonne de « voir que des blogueurs et des militants sont visés par des poursuites pénales, en vertu de lois remontant à l’époque de la répression ». Ces poursuites « menacent les progrès accomplis jusqu’ici en matière de droits humains en Tunisie », ajoute-t-elle. D’autant plus que le « droit à la liberté d’expression est une valeur durement acquise de la révolution » de 2010-2011.
En dépit de la démocratisation du pays, le ministère de l’Intérieur « menace ouvertement de poursuivre les internautes pour des critiques légitimes du comportement policier », souligne Amnesty. L’ONG déplore également « une hausse continue des poursuites pour des publications sur Facebook qui révèlent des soupçons de corruption ou critiquent les autorités. »
À lire aussi : Amnesty International s’alarme de la répression des manifestants dans le Sud tunisien
L’association appelle donc les autorités à « faire de la réforme de lois largement obsolètes et trop vagues une priorité » et à protéger la liberté d’expression. Cela passe par l’abandon de « les charges retenues contre les personnes faisant l’objet d’enquêtes ou de poursuites pour avoir exercé pacifiquement le droit à la liberté d’expression ».