Amnesty International s’alarme de la répression des manifestants dans le Sud tunisien

 Amnesty International s’alarme de la répression des manifestants dans le Sud tunisien

Le sit-in d’El Kamour à donné lieu à de violents affrontements

Dans un communiqué, Amnesty International réclame une enquête sur la répression des manifestants de la région d’el Kamour. Depuis plusieurs semaines, des milliers de personnes protestent contre le non-respect par l’État de ses engagements. Un accord de 2017 promettait des améliorations en matière d’emplois et de développement de cette zone déshéritée du sud du pays.

« Une enquête doit être menée sur l’utilisation alarmante de la force contre des personnes qui manifestaient pacifiquement pour demander du travail », écrit l’organisation internationale. Elle critique la gestion par les autorités des manifestations qui réclament à l’État des comptes sur les promesses faites en 2017.

À l’époque, des habitants d’El-Kamour avaient bloqué la station de pompage de pétrole de la ville, située en plein désert. Ils réclamaient déjà des emplois et la création d’un fonds d’investissement. Pour mettre fin à l’agitation, le gouvernement s’était engagé à créer des milliers d’emplois et à investir 80 millions de dinars (27 millions d’euros) chaque année.

Trois ans plus tard, rien n’a changé et la population s’insurge. Cette situation est emblématique de la divergence croissante entre les attentes des Tunisiens envers leur État et les capacités d’action de celui-ci.

 

Une enquête indépendante pour empêcher l’utilisation d’une force excessive à l’avenir

Alors que se répète le scénario de 2017, les autorités ont de nouveau utilisé la force pour tenter de rétablir la situation. Des heurts violents ont eu lieu à plusieurs reprises, notamment entre le 20 et le 23 juin. Amnesty International « a pu établir que les forces de sécurité avaient arbitrairement arrêté des dizaines de personnes qui manifestaient, et qu’elles avaient utilisé inutilement une force excessive sous la forme de coups et de jets de gaz lacrymogène ».

Elle réclame donc une « enquête exhaustive, indépendante et efficace sur la répression violente » sur la répression des manifestants. Le gouvernement devrait chercher des solutions aux problèmes des gens « au lieu de les frapper et de les arrêter », selon Amna Guellali; la directrice adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

L’organisation a interrogé 16 personnes, dont plusieurs ont été arrêtées ou prises dans des tirs de gaz lacrymogène. Du personnel hospitalier qui a pris en charge des blessés et d’autres témoins ont également répondu à l’enquête. Une analyse de photos et de vidéos prises sur place, ainsi que des déclarations des autorités locales et du ministère de l’Intérieur ont complété le travail de l’ONG.

« Seule une enquête indépendante peut empêcher l’utilisation d’une force excessive à l’avenir », affirme Amnesty. Elle souhaite que « toute personne dont il s’avérera qu’elle a eu recours illégalement à la force (soit) tenue de rendre des comptes ».