Amnesty dénonce l’usage abusif du gaz lacrymogène

 Amnesty dénonce l’usage abusif du gaz lacrymogène

Fumée de gaz lacrymogènes tirés par les forces de l’ordre, lors d’une manifestation des Gilets Jaunes à Paris, le 12 septembre 2020. ADNAN FARZAT / NURPHOTO / AFP

L’utilisation abusive du gaz lacrymogène par les forces de sécurité, dans le monde en 2020, pointée par une enquête d’Amnesty International.

 

Abusif

« Notre dernière analyse en date montre une nouvelle fois que les forces de sécurité continuent d’utiliser massivement à mauvais escient cette arme à létalité réduite » selon Patrick Wilcken, directeur adjoint du programme Thématiques mondiales d’Amnesty International. Cette déclaration vient appuyer une mise à jour des résultats obtenus par un site web interactif créé par l’ONG : « Tear Gas: An Investigation ».

Lancé en juin 2020, le site répertorie de nombreux cas d’utilisation « inconsidérée » du gaz lacrymogène par les forces de l’ordre face à des manifestants pacifiques. Ce, dans le monde entier et notamment en France, en Tunisie ou encore aux États-Unis (contre le mouvement Black Lives Matter).

Illégal

Amnesty International dénonce « un recours généralisé et illégal au gaz lacrymogène, qui peut s’apparenter à la torture et aux autres mauvais traitements dans certaines circonstances ». Des mots forts sur des pratiques qui se sont multipliées ces derniers mois.

Tirs dans des manifestations pacifiques, tirs en direction de personnes, utilisation de quantités excessives, de nombreux cas relevés par l’ONG. Des abus dont ont également été victimes les personnes les plus fragiles comme « les enfants, les personnes âgées et celles atteintes d’un handicap ».

Vidéos

Le site « Tear Gas: An Investigation » répertorie plus d’une centaine de vidéos d’utilisation abusive de gaz lacrymogène dans le monde. Des vidéos principalement diffusées sur les réseaux sociaux, récupérées et traitées par le service de vérification numérique d’Amnesty International.

Filmer les policiers s’avère donc essentiel dans ce travail de documentation des abus. En France, l’examen de la proposition de loi sur la « sécurité globale » par le Sénat se rapproche. Déjà adoptée par l’Assemblée nationale, la proposition de loi comportait plusieurs articles controversés, dont l’article 24. Ce dernier concerne l’interdiction de filmer et diffuser des images des policiers à des fins malveillantes.

Début novembre dernier, suite à l’expulsion brutale de migrants Place de la République et au passage à tabac d’un producteur de musique par la police, l’ONU réitérait son opposition à cet article : « Ces incidents constituent des rappels incontestables du fait que les images vidéo des abus policiers captées par le public jouent un rôle essentiel dans la surveillance des institutions publiques, ce qui est fondamental pour l’État de droit ».

Contrôle

Une des solutions préconisées par Amnesty International contre les blessures, et plus rarement les morts, causées par l’utilisation abusive du gaz lacrymogène par la police, serait la mise en place d’un « système de contrôle du commerce international des équipements et armes destinés au maintien de l’ordre ». Ce, dans le but d’empêcher que ces produits puissent être utilisés « pour commettre des actes de torture et d’autres mauvais traitements ».