Amérique/Afrique. Grand-messe des intérêts économiques
« America first », après avoir fait subir au président français un camouflet sans précédent en refusant de lâcher quoique ce soit à Macron qui n’a trouvé à se mettre sous la dent que quelques photos de poignées de main sans conséquences, le président Biden s’apprête à faire de même avec les chefs d’Etat africains conviés à Washington pour le Sommet des dirigeants USA-Afrique.
D’ores et déjà, on sait que l’ordre du jour sera essentiellement économique, l’Oncle Sam mettant de côté ses préoccupations liées aux droits de l’homme, il s’agit avant tout de ne pas braquer les quelques chefs d’Etat africains qui continuent à régler leurs problèmes internes à la kalachnikov après avoir pris le pouvoir par la force. Détail qui vaut son pesant d’or, les missi dominici de Washington se sont rabattus sur le listing du secrétariat général de l’Union africaine pour inviter les 50 chefs d’État africains que l’union a adoubés, laissant de côté les rares brebis galeuses écartées de facto pour cause de non légitimité.
Selon le média en ligne Africa Intelligence, c’est le secrétaire d’État Antony Blinken et surtout Molly Phee, la secrétaire d’État adjointe aux affaires africaines, qui sont à la manœuvre pour rencontrer des chefs d’État et aborder des thématiques centrées sur l’énergie, les infrastructures et l’agriculture, « en particulier pour promouvoir des investissements sur le continent dans la sécurité alimentaire, les énergies renouvelables, la santé et les infrastructures. « Un soutien plus important doit aussi être apporté à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Un forum business USA-Afrique sera organisé le deuxième jour du sommet ».
Toujours selon le même média , « si les sujets d’actualité, comme la crise entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) sont bien à l’ordre du jour, aucun engagement politique fort n’est à ce jour attendu à l’issue du sommet, alors que la stratégie américaine en Afrique subsaharienne a été publiée en août. L’annonce d’une visite prochaine de Joe Biden sur le continent, où il ne s’est pas encore rendu, serait un fait marquant, mais cette option demeure très hypothétique ».
Mais nul doute que le bras de fer Washington/Moscou (et Pékin) fera l’objet de réunions discrètes, voire secrètes entre les responsable américains et leurs homologues africains en marge de la rencontre. D’autant plus que l’entrisme de la Russie et de la Chine en Afrique irrite au plus haut point l’Oncle Sam au moment où la guerre des métaux rares (concentrés dans le continent africain) fait rage entre les grandes puissances.
Il faut juste savoir que ces métaux rares sont devenus tellement indispensables à la transition énergétique qu’il est impensable et impossible de mettre au point des voitures électriques sans batteries au lithium, de faire tourner des éoliennes sans cuivre ou de fabriquer des cellules photovoltaïque sans tellure de cadmium, sans oublier le nickel, le cobalt ou encore le magnésium.
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