Ambassade de France en Tunisie : Anne Guéguen remplace André Parant

 Ambassade de France en Tunisie : Anne Guéguen remplace André Parant

Anne Guéguen au Conseil de sécurité de l’ONU

En poste à Tunis depuis juillet 2020, un poste hautement stratégique pour la France, André Parant sera remplacé à compter du 7 août prochain par Anne Guéguen, actuellement Directrice Afrique du Nord et Moyen-Orient au Quai d’Orsay.

Arrivé une année avant le coup de force du président Kais Saïed, le moins que l’on puisse dire est que Parant aura eu un mandat difficile et tumultueux à Tunis. Dès le 3 novembre 2021, il doit ainsi gérer la rocambolesque affaire du présumé tunnel menant à la résidence de l’ambassadeur à la Marsa, une affaire que croit avoir mis au grand jour la présidence de la République tunisienne, en réalité une sombre théorie du complot. Le décor était planté !

Avant que la France de Macron n’accompagne quasiment avec bienveillance la dissolution méthodique de la démocratie tunisienne à partir de 2021, la réaction dans un premier temps circonspecte de l’Elysée suivie des condamnations d’usage de la diplomatie française voudront à l’ambassadeur français d’être sèchement reçu à plusieurs reprises à Carthage, notamment en avril 2022 lorsque, accompagné de Gilles Kepel, il doit assister à une tirade souverainiste du président Saïed qui lui lance que « Nous ne sommes plus au 19ème siècle » et que « l’ère de Jules Ferry est révolue ! ».

Mais le mandat d’André Parant en Tunisie sera surtout marqué par l’humiliante politique d’octroi des visas français aux Tunisiens qui aura fait un grand bond en arrière, même s’il s’agit en l’occurrence d’une situation généralisée à l’ensemble du Maghreb. A partir de la fin 2022, il est acculé à s’en expliquer dans les médias, sans convaincre.

 

Anne Guéguen, expérimentée diplomate de carrière

Sa remplaçante connaît bien la Tunisie. Anne Guéguen était en effet, de 2013 à 2016, première conseillère à l’Ambassade de France à Tunis, sous la responsabilité de François Gouyette, une personnalité aussi discrète qu’appréciée par ses pairs, aujourd’hui en poste à Alger. Autant dire que ce tandem a déjà des automatismes en matière de collaboration.

Née à Paris en 1971, Anne Guéguen est diplômée de Sciences Po. A 52 ans, elle est diplomate de carrière. Jusqu’ici en poste à la Direction Afrique du Nord et Moyen-Orient au Quai d’Orsay, des fonctions qui lui font faire des déplacements fréquents à Tunis, Guéguen était en fait pressentie depuis mars dernier pour le poste d’ambassadrice de France en Tunisie.

Elle est par ailleurs représentante de l’Etat au sein du conseil d’administration de l’Agence française pour le développement d’Al Ula en Arabie saoudite depuis 2021, présidente de l’association « Femmes et Diplomatie », et la première femme française à occuper le poste de représentante permanente adjointe de la France à l’ONU, en 2017.

A Tunis dès la semaine prochaine, elle devra s’atteler à gérer le délicat dossier des droits et libertés universelles sous le pouvoir autoritaire de Saïed, au moment où Carthage noue de nouvelles alliances avec la turbulente Giorgia Meloni, leader de l’extrême droite italienne qui entretient elle-même des relations mouvementées avec l’actuel pouvoir français d’Emmanuel Macron.