Allemagne : un parti envisage l’expulsion massive d’étrangers et d’Allemands d’origine étrangère
Les révélations concernant des membres de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), parti d’extrême droite, se réunissant discrètement avec des néonazis et des hommes d’affaires en novembre ont ravivé les appels à l’exclusion du parti du parlement. Cela survient malgré une cote de popularité de 22 %, dépassant celle de tous les partis au pouvoir.
Le parti d’extrême droite allemand AfD a admis avoir eu des discussions avec un extrémiste autrichien sur la « remigration ». Mais, il nie catégoriquement soutenir l’idée d’une expulsion massive des étrangers. Ces révélations ont émergé mi-janvier après une réunion en novembre à Potsdam, où des membres de l’AfD, des néonazis et des entrepreneurs auraient discuté d’un plan d’expulsion de personnes étrangères. Martin Sellner, cofondateur du Mouvement identitaire autrichien (IBÖ), aurait présenté un projet visant à envoyer jusqu’à deux millions de personnes vers l’Afrique du Nord.
Lors de cette réunion confidentielle en novembre, les participants ont débattu de la « remigration ». Ils ont notamment exposé un plan visant à expulser les résidents jugés indésirables en Allemagne, incluant des citoyens allemands considérés comme des » non assimilés ».
Lire aussi >> Des centaines de manifestants contre l’entrée de l’AfD au Bundestag
Bien que l’AfD ait reconnu la présence de ses membres à cette réunion, elle a tenté de minimiser leur implication. Selon le média d’investigation Correctiv à l’origine de l’information, parmi les membres de l’AfD présents figuraien, le représentant personnel de la co-cheffe du parti, un député et le président du groupe parlementaire régional de l’AfD de Saxe-Anhalt. L’AfD a précisé que ses membres avaient simplement présenté un projet de réseaux sociaux lors de la réunion et n’avait pas soutenu les idées de Martin Sellner sur la politique migratoire.
Appels à l’interdiction du parti d’extrême droite
L’AfD est déjà sous étroite surveillance de l’Office fédéral de protection de la Constitution, le service de renseignements intérieurs allemand, en raison de son orientation politique d’extrême droite. La porte-parole du ministère allemand de l’Intérieur a confirmé que l’AfD faisait l’objet d’une surveillance à la suite des nouvelles révélations.
Ces événements surviennent à un moment où l’AfD connaît une montée en popularité, alimentée par le mécontentement de la population face à un nouvel afflux de migrants et les tensions au sein de la coalition de centre-gauche dirigée par Olaf Scholz. L’AfD espère capitaliser sur cette popularité aux élections européennes de juin et lors de trois scrutins régionaux de 2024 en Saxe, Thuringe et Brandebourg.
Bien que des appels à l’exclusion de l’AfD aient émergé de la classe politique allemande, le gouvernement fédéral adopte une position prudente. L’interdiction d’un parti est une démarche complexe, d’autant plus que la Cour constitutionnelle allemande s’est opposée à l’interdiction du Parti national démocrate (NPD) en 2017, en raison de son influence jugée limitée à l’époque. L’AfD, en tant que parti populaire, pourrait également représenter un défi juridique important.