Regain d’affluence pour le mouvement xénophobe Pegida
Le leader de Pegida a été inculpé et encourt jusqu’à 5 ans de prison. Jens Schlueter/AFP
Des milliers de personnes se sont rassemblées lundi soir à Dresde (est de l’Allemagne), à l'appel du mouvement xénophobe et islamophobe allemand Pediga pour dénoncer l'afflux massif de migrants outre-Rhin, une affluence en hausse sur fond de crise migratoire européenne.
« Les Musulmans doivent quitter l'Allemagne »
Les manifestants, en majorité des hommes, brandissaient des pancartes anti-réfugiés et des drapeaux allemands au centre de la Neumarkt, la principale place touristique de Dresde. La police n'a pas donné d'estimation du nombre des manifestations. « Nous avons droit à notre patrie allemande et à notre culture allemande », pouvait-on lire sur la pancarte de Uwe Friedrich, 46 ans.
« Les Musulmans doivent quitter l'Allemagne, sauf les réfugiés de guerre, mais il n'y en a pas beaucoup », affirme l'homme qui défile aux côtés de Pegida (acronyme pour « Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident ») depuis le début du mouvement en octobre 2014. « Je ne suis pas de droite, mais j'ai peur », raconte quant à lui Frank, 59 ans. « J'ai peur de l'islamisation, je pense à mes enfants, à mes petits-enfants ».
Les manifestations du lundi de Pegida à Dresde avaient connu une affluence croissante l'année passée pour atteindre 25 000 personnes en janvier après des attentats en France contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo et un magasin casher. Le mouvement, qui avait fait des émules dans d’autres pays européens, a perdu en popularité par la suite, notamment après qu'une photo de M. Bachmann imitant Adolf Hitler a été publiée.
Le leader de Pegida inculpé pour « incitation à la haine »
Sur fond d’arrivée de nombreux migrants et d’ouverture relative des frontières allemandes par la chancelière, le nombre de manifestants est de nouveau reparti à la hausse ces dernières semaines pour atteindre 7.000 à 10.000 participants le 28 septembre, selon les médias allemands. Angela Merkel et sa politique d'ouverture aux centaines de milliers de demandeurs d'asile, notamment ceux fuyant le conflit en Syrie, étaient d'ailleurs la cible de plusieurs pancartes lundi. L'une d'elles proclame « Coupable ! Merkel commet un ethnocide du peuple allemand ».
Malgré une inculpation par la justice allemande pour « incitation à la haine », le fondateur de Pegida, Lutz Bachmann, était au centre du rassemblement de lundi soir. L'homme à l'origine de ces manifestations xénophobes avait traité les réfugiés de « bétail » et de « racailles ». Il encourt jusqu'à cinq ans de prison.
Selon le ministère de l'Intérieur de Bavière, entre 270 000 et 280 000 demandeurs d'asile sont arrivés dans le pays au cours du seul mois de septembre, soit plus que durant l'ensemble de l'année 2014.
Rached Cherif
(Avec AFP)
