Alimentation : Qui est derrière la « junk food » halal en France ?

 Alimentation : Qui est derrière la « junk food » halal en France ?

Restaurant Quick à Douarnenez le 21 février 2013 (crédit photo de Fred TANNEAU / AFP)

Burgers, tacos, pizzas,…La « junk food » fait partie dorénavant de notre quotidien alimentaire que ce soit en présentiel ou en livraison. Pour les musulmans, le choix ne cesse de se diversifier avec la naissance ou l’adaptation de chaines alimentaires vantant l’origine de leurs viandes halal. Qui sont ces groupes derrière la « junk food halal » ? Que représente ce marché ? La junk food est elle vraiment halal ?

La chaleur a été au rendez-vous. Après une journée de plage à Collioure, une famille musulmane s’arrête sur la route. Les enfants réclament leurs repas. Un tour sur une appli et la solution est trouvée : une enseigne de tacos halal à proximité.  « C’est vrai que c’est moins sain que la nourriture de la maison mais c’est les vacances pour nous aussi, nous indique hilare le couple. L’avantage, c’est que la nourriture est halal. C’est une solution du moins pire ! »

Pourfendue pour son côté gras et sucré, un rapport de l’ANSES fait apparaitre que les aliments en fast-food contiennent 50% de lipides en plus, 40% plus de sel et 25% de sucres qu’un établissement de restauration collective. Pour autant, la junk food (consommation de restauration rapide, ndlr) n’a cessé d’augmenter ces dix dernières années.

Il y a 15 ans, un tiers des adultes actifs affirmait ne pas manger au fast-food. Dorénavant, ces « anti » ne sont plus qu’un sur 10. L’amateur type de fast-food est plutôt masculin, âgé de 18 à 44 ans et vivant dans des grandes villes de plus de 100 000 habitants.

>>Lire aussi : Hakim Benotmane, le nabab du kebab

Ca bouge sur le marché de la junk food halal

Le phénomène ne concerne plus que la petite échoppe près de chez vous qui propose son fameux kebab. Certains ont mis les moyens pour conforter ce besoin de nourriture rapide mais en adéquation avec les rites religieux musulmans.

Dans certains cas, le restaurant reprend les méthodes à succès des grandes enseignes, comme la marque francilienne, « Le Spécial », qui est dorénavant présente à Porte d’Aix dans l’ancien Mac Do à Marseille. Les concepts de fast food halal ont pullulés. Que ce soit Nabab Kebab, Takos King ou O’Poulet Braisé, le groupe FBH Food, créé par Hakim Benotmane a su se tailler une part du lion. Autre concurrent : O’Tacos. Lancé en 2007 à Grenoble, la marque et ses centaines de franchisés sont passés en 2018 sous le giron d’un fonds belge, Kharis Capital. Celui-ci possède déjà plusieurs restaurants en Belgique dont des Burger King et la marque Quick en Belgique et au Luxembourg.

>>Lire aussi : Quick sera bientôt 100% halal

Une grande marque passée leader sur le burger halal

Et c’est justement cette fameuse marque qui en changeant son fusil d’épaule sur le halal, a connu la transformation la plus étonnante des 10 dernières années. Lancée dans les années 70, deux belges fondent Quick et osent s’attaquer au géant américain, Mc Donald’s en Europe. Une réussite  avec de nombreuses franchises en Belgique mais aussi en France. En 1997, la marque se lance dans le rachat des Burger King et « pèse » un quart du marché français. Pubs, extension et introduction en Bourse. Tout semble leur sourire.

Après un scandale alimentaire, plusieurs rachats et ventes, la marque appartient au groupe Bertrand qui possède plusieurs brasseries comme Lipp ou Procope mais aussi le réseau Hippopotamus. En 2012, il prend un virage stratégique en proposant du halal. Avec l’agrément de la Grande Mosquée de Lyon, c’est plus de 80 restaurants Quick qui ont de la viande halal. Le succès est au rendez-vous avec un chiffre d’affaires de 227 millions d’euros. Depuis la semaine dernière, elle est passée sous le giron américain, HIG Capital. Et les investisseurs d’Outre-Atlantique voient gros. Ils veulent doubler le réseau dans les années à venir.

>>Lire aussi : Laurent Hirgorom : “La franchise, c’est un métier”

Une junk food vraiment halal ?

Et le marché ne devrait pas se tarir de si tôt. Le président de Gira Conseil, Bertrand Boutboul parle sur BFM Business  de « restaurants Quick passés au halal et qui ont fait 2,5 plus de chiffre d’affaires…Le halal, c’est 11 à 12 milliards de chiffre d’affaires annuel en France, quatre fois plus que le bio »

Pour autant, ce marché n’est pas aussi simple à conquérir. En effet, plusieurs forums sur le web se posent la question de la compatibilité du halal avec la junk food. Pêle-mêle, on s’interroge sur les certifications pour la viande. On souhaiterait vérifier aussi les conditions d’abattage contraires au rite musulman ou des édulcorants pour le pain « qui contiendraient de l’alcool ». Les reproches sont également orientés vers le coté mercantiliste de marques souhaitant juste profiter d’une opportunité, loin des convictions religieuses.

Sur le terrain spirituel, la junk food ne semble pas avoir de contre-indications formelles. La seule relevée par plusieurs internautes semble être celle de l’excès. Sachant les torts qu’inflige la « junk food » au corps humain, les remarques vont dans le sens d’une pondération de la consommation de ce genre de nourriture.