Yasmina Khadra et Kamel Daoud répondent à Boudjedra

 Yasmina Khadra et Kamel Daoud répondent à Boudjedra

De gauche à droite : Les écrivains algériens


Durement attaqués par Rachid Boudjedra dans son pamphlet "Les contrebandiers de l’Histoire", paru dernièrement aux éditions Frantz Fanon de Tizi Ouzou, les écrivains Yasmina Khadra et Kamel Daoud ont répondu du tac au tac. 


Sur sa page facebook, l’auteur de « L’attentat » a remis à sa place, vigoureusement mais sans grande méchanceté, l’"aigri" Boudjedra  qu’il a prié  de  sortir « des jalousies crétines et des anathèmes ». « Je sais que tu crèves d'envie que je réagisse à tes diatribes, persuadé que mon mépris te martyriserait moins que mon silence. Qu'à cela ne tienne. Puisse mon mépris te toucher comme une grâce et t'éveiller au ridicule dans lequel tu te complais comme le ver dans le fruit », a-t-il asséné.


Yasmina Khadra semble très affecté qu’il soit traité de « bougnoule de service », en lançant à son accusateur : « Sache que je suis boycotté par l'ensemble des institutions littéraires de France depuis 2008 ». Et d’ajouter : « Tu contestes mon algérianité? Je te rappelle que lorsque tu te terrais à Paris, durant la décennie noire, je menais une guerre atroce dans les maquis terroristes. Sans mes compagnons de combat et mes milliers de morts, jamais tu n'aurais remis les pieds en Algérie ».


Point rancunier,  il conclut sa réplique en s’adressant à Rachid Boudjedra: « Puisse Dieu pardonner tes aigreurs puisque je te pardonne. Avec tout mon chagrin ».  


Pour sa part, Kamel Daoud a carrément porté non sans hésitation l’affaire devant la justice en accusant Rachid Boudjedra de « diffamation grave » tout en réclamant le « droit à la dignité ». « Il n’est pas facile en effet de réagir aux propos diffamatoires d’un écrivain qu’on admirait tant, une des figures aînées de la littérature algérienne, Rachid Boudjedra, et qui, aujourd’hui, semble s’enfoncer dans les compromissions, opter pour le scandale comme moyen d’expression – au lieu du talent », a-t-il déploré dans une contribution paru sur Jeune Afrique.


L’auteur de « Meursault, contre-enquête », a très mal accepté l’accusation de Rachid Boudjedra qui l’a fait passer pour un « très jeune membre du GIA ! ». « S’amuser avec ce sigle pour régler ses rancunes n’est pas une insulte à ma personne, mais à nous tous. C’est une diffamation si grossière qu’elle laisse désarmé », s’est-il offusqué. Et de rappeler : « Durant les années du GIA, j’étais journaliste, exerçant ce métier qui a payé de ses martyrs sa vocation. Je n’avais pas un couteau, mais un stylo ».


Aussi, Kamel Daoud a décidé de recourir à la justice algérienne pour obtenir « réparation et excuses publiques ». « C’est vers la justice de mon pays que je me tourne, pour qu’on consacre le principe du droit à la dignité pour chacun et que cesse cette prétention à l’immunité au nom de l’humeur », a-t-il conclu.


Yacine Ouchikh