Violente manifestation des travailleurs de la SNVI à Rouiba
Après la bronca des députés, c’est au tour des travailleurs de la plus grande zone industrielle du pays de sonner la révolte.
La zone industrielle de Rouiba, à Alger, a connu, ce matin 1er décembre, un climat d’insurrection. Plusieurs centaines de travailleurs de la société nationale des véhicules industriels (SNVI, ex-Sonacom) ont improvisé une marche, dès les premières heures de la matinée pour protester, essentiellement, contre le non versement de leurs salaires.
Chauffés à blanc, ces travailleurs qui craignaient des retards importants dans le paiement de leur salaire, se sont montrés déterminés à en découdre avec les nombreux policiers venus les empêcher de marcher sur la route nationale reliant Réghaia à Alger.
Et l’intervention des forces de forces de l’ordre a provoqué une violente émeute, qui s’était soldée par de nombreux blessés parmi les travailleurs et une dizaine d’arrestations.
« D’habitude on perçoit notre paie le 25 du mois. Cette fois, on a fait plusieurs allers-retours à la poste, on n’a rien trouvé dans nos comptes », s’indigne un employé. Mais il semblerait que cette question des salaires n’est que la goutte qui a fait déborder le vase. Selon les travailleurs, la SNVI traverse une période très difficile depuis plus d’un an, en raison de l’arrêt de la production depuis plus de 18 mois et le blocage du plan d’investissement.
Il y a visiblement un lien direct avec ce qui s’est passé la veille à l’APN et l’adoption contestée de la loi de finances 2016 qui contient des mesures permettant l’ouverture du capital des entreprises publiques au privé national. « Même ce qui s’est passé hier à l’APN en est pour quelque chose. Nous à la SNVI, on sait très bien qu’il y a des ministres qui veulent saboter la SNVI afin de la privatiser à l’avenir », estime un des contestataires.
La manifestation s’est poursuivie pendant plusieurs heures, donnant suite à des affrontements entre les employés de l’entreprise et les forces de l’ordre. Le calme n’est revenu que vers 15h00, avec la libération des douze travailleurs interpellés.
Cette action a suscité plusieurs réactions de solidarité chez les partis politiques et les syndicats qui ont exprimé leur soutien aux travailleurs de la SNVI. Dans une déclaration rendue publique, le Conseil des lycées d’Alger (CLA) a dénoncé « la répression » des travailleurs de la SNVI et « les atteintes aux droits syndicaux ». « Nous exprimons toute notre sympathie et notre solidarité à nos camarades de la SNVI et nous exigeons la libération immédiate de tous les travailleurs détenus et qu’aucune poursuite ne les vise », a assuré le CLA.
Yacine Ouchikh