Un film sur Djamila Bouhired… contre son gré !

 Un film sur  Djamila Bouhired… contre son gré !

Djamila Bouhired


Ça ne se passe qu’en Algérie ! Un réalisateur officiel, Ahmed Rachedi, veut coûte que coûte réaliser un film sur l’icône de la révolution algérienne, Djamila Bouhired… contre l’avis de cette dernière. Dans un communiqué rendu public hier, l’ex-condamnée à mort pendant la guerre de libération nationale, a vigoureusement dénoncé  le projet du cinéaste en s’élevant contre « la falsification de l’histoire » et « la profanation de la mémoire de nos martyrs ».  


« Un film prétendant relater ma vie et mon parcours militant est en préparation. Commandité par le pouvoir politique, financé sur le budget de l'État, il est confié à un cinéaste officiel. Dans un contexte de falsification décomplexée qui tente de tailler une histoire sur mesure à des usurpateurs et des faussaires, cette opération vise, une fois encore, à instrumentaliser la guerre de Libération nationale à des fins de légitimation de pouvoir », a-t-elle dénoncé.


Et de préciser: « Malgré mon opposition clairement formulée à la réalisation d'un film qui veut réduire la Révolution au rôle de faire-valoir d'un régime autoritaire, impopulaire et antinational, les commanditaires de ce film ont décidé de passer outre ».


Viscéralement attachée à son indépendance et très populaire même auprès des jeunes, Djamila Bouhired s’est toujours tenue à l’écart du pouvoir et des hommes qui l’incarnent quand elle ne les brocarde pas.


« Après avoir manipulé les martyrs, ils revendiquent maintenant le droit d'instrumentaliser l'image des survivants dans des luttes d'arrière-garde », fulmine-t-elle avant de prendre à témoin les Algériens pour renouveler son « opposition à la réalisation de tout film dont je serai le personnage principal » et son «refus de servir de caution à toute opération occulte ».


« Je dénonce avec force l'instrumentalisation de la Révolution et de ses martyrs à des fins de légitimation de pouvoir. Il est temps d'en finir avec l'histoire officielle qui a marginalisé les véritables combattants pour mieux réhabiliter les canailles et les faussaires.  Il est grand temps de mettre un terme à la profanation de la mémoire de nos martyrs », conclut-elle.


La vie de Djamila Bouhired a été déjà adaptée au cinéma en…1958, par Youssef Chahine dans le film « Djamilah ».


Yacine Ouchikh