Taubira à Alger : « il devient urgent d’avoir une réponse » sur les sorts des moines de Tibéhirine

 Taubira à Alger : « il devient urgent d’avoir une réponse » sur les sorts des moines de Tibéhirine

La ministre française de la Justice


 


La ministre française de la Justice, Christiane Taubira, est en déplacement à Alger depuis ce dimanche 20 décembre, notamment pour faire avancer l’enquête sur l’enlèvement et l’assassinat, en 1996, des sept moines français de Tibéhirine. La ministre doit également s’entretenir de l’approfondissement de la coopération dans la lutte antiterroriste.


 


Des éléments de l’enquête bloqués en Algérie


« Pour les familles des victimes, il devient urgent d'avoir une réponse, de savoir très précisément ce qui s'est passé. Nous en avons le souci de part et d'autre », a estimé la ministre, arrivée dimanche à Alger. « Il est temps que nous arrivions  au terme de cette affaire », a-t-elle déclaré dans un point de presse conjoint avec son homologue algérien Tayeb Louh.


« Il y a quelques actes d'expertises encore à accomplir et nous disposerons des matériaux nécessaires pour le faire », a lancé Mme Taubira sans préciser s'il s'agissait des prélèvements que des experts français voulaient ramener en France pour les analyser.


En octobre 2014, deux magistrats français, Marc Trévidic et Nathalie Poux, s'étaient rendus en Algérie où ils avaient assisté à l'exhumation des crânes des religieux, enterrés sur le site du monastère de Tibéhirine (50 km au sud-ouest d'Alger). L'Algérie a cependant refusé que le juge Trévidic qui était en charge de l'affaire rentre en France avec les prélèvements réalisés sur les dépouilles. L'avocat des familles des moines, Patrick Baudoin, avait alors dénoncé une « confiscation des preuves » par l'Algérie.


 


Crime terroriste, bavure ou manipulation ?


Les moines Christian de Cherge, Luc Dochier, Paul Favre Miville, Michel Fleury, Christophe Lebreton, Bruno Lemarchand et Célestin Ringeard avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère où ils avaient choisi de demeurer malgré les risques liés à la guerre civile ravageant le pays.


Les enquêteurs français cherchent à identifier les responsables de leur mort : le GIA qui a revendiqué leur enlèvement puis leur exécution, l'armée algérienne lors d'une bavure en se lançant à leur recherche ou les services secrets algériens dans une opération de manipulation destinée à discréditer les islamistes ? En Algérie, la piste du GIA ne semble pas faire de doute.


L'enlèvement avait eu lieu en pleine guerre civile, qui a fait 200 000 morts en une décennie. « Pendant ces 10 années, vous avez eu le sentiment d'être seuls, d’être abandonnés (…) Il revient aujourd'hui de poser des paroles sur ces blessures qui sont profondes et nous savons parfois que les cicatrices saignent plus encore que les plaies », a encore déclaré Mme Taubira.


La garde des Sceaux doit également rencontrer le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et plusieurs membres du gouvernement. La visite donnera des discussions portant renforcement de la coopération juridique, en particulier dans le domaine de la lutte antiterroriste.


Rached Cherif


(Avec AFP)