Sellal s’exprime enfin sur la Darridja

 Sellal s’exprime enfin  sur la Darridja

Le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal. THOMAS SAMSON / AFP


 


En visite à Constantine, le Premier ministre Abdelmalek Sellal s’est exprimé sur la Darridja sans pour autant désavouer clairement sa ministre de l’Education, Nouria Benghebrit ni la soutenir ouvertement face aux islamo-conservateurs. 


 


Il a attendu plusieurs semaines pour faire part enfin de sa position sur le débat passionné sur la Darridja. A l’occasion d’une sa visite de travail aujourd’hui à Constantine, le Premier ministre Abdelmalek Sellal n’a pas exprimé un avis clair et tranché, ne désavouant clairement sa ministre ni la soutenant ouvertement pour ne pas heurter les islamo-conservateurs.


Il s’est contenté de débiner des lieux communs genres : « la langue arabe est une langue du peuple », traduisant, au fond, la position de gêne des autorités politiques sur la question. « La langue arabe est une référence constitutionnelle, civilisationnelle et culturelle et un principe tranché de manière définitive, au même titre que le Tamazight qu'il importe de développer et de généraliser dans le cadre de la préservation de l'unité nationale », affirme-t-il.


« Ce choix souverain s'inscrit dans le cadre de principes constitutionnels par lesquels l'identité et la personnalité nationales ont été tranchées de manière définitive », ajoute-t-il. Et à Sellal d’insister : « le programme du président de la République est clair à cet égard et la mission du gouvernement consiste à s'employer à sa mise en œuvre, conformément à son plan d'action, en veillant à ce que l'école algérienne préserve tous ses fondements ».


Ces clarifications faites, le Premier ministre a appelé les uns et les autres à « ne pas faire l'amalgame entre les propositions avancées par une commission de pédagogues et d'enseignants et les décisions de l'Etat algérien dans le cadre de la poursuite de la réforme du système éducatif initiées par le président de la République avec l'installation en 2000 de la commission nationale de réforme du système éducati f». A se contenter de ces seules déclarations, on conclura vite à un désaveu indirect de Madame Benghebrit qui verrait ainsi ses propositions d’introduction des langues maternelles dans l’enseignement scolaire recalées.


Mais voilà, le Premier ministre ne s’est pas arrêté là. Comme pour ne pas donner l’air d’avoir lâché sa ministre, Sellal a soutenu : « j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt le débat engagé au titre de la conférence nationale d'évaluation du système éducatif et je ne peux que m'en féliciter car il constitue un apport et une contribution au développement de l'école et du système éducatif ».


« Si la langue arabe constitue l'outil fondamental d'enseignement de l'école algérienne rien n'empêche que cette dernière s'ouvre à toutes les langues vivantes pour l'acquisition des sciences et des technologies », a-t-il expliqué. Il est même allé jusqu’ à dénoncer l’instrumentalisation des « débats à des fins politiques et de les sortir de leur contexte éducatif et culturel ».


Un désaveu mou des milieux islamo-conservateurs qui ont fait de la langue arabe et de l’Islam un fonds de commerce.


Yacine Ouchikh