Saïd Sadi : « le général Toufik a perdu la bataille »

 Saïd Sadi : « le général Toufik a perdu la bataille »

Saïd Sadi


 


Pour l’ancien président du RCD et candidat aux présidentielles de 1995 et 2004, le DRS est « le parrain du désastre algérien ». 


 


L’ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Saïd Sadi, qualifie les derniers évènements qui se sont succédé depuis le début de l’automne dernier, de « guerre entre Bouteflika et le général Toufik ». « Il y a une guerre entre Toufik et Bouteflika, mais les deux hommes ont des points communs », déclare-t-il, lors de son passage, hier jeudi 17 décembre, sur le plateau de la chaîne Berbère Télévision.


S’exprimant pour la première fois sur le départ de l’ex-patron du DRS et la restructuration de ce service, Saïd Sadi s’interroge sur la finalité de cette guerre qui ne devrait pas préparer le terrain à l’Etat civil promis. « Toufik est resté à la tête du DRS pendant un quart de siècle. Aujourd’hui, il est vrai qu’il y a une guerre entre lui et Bouteflika. Mais le plus important est de savoir qu’il est son élément déclencheur. N’est-elle pas juste une guerre d’intérêt ?», se demande-t-il.


Saïd Sadi revient, dans la foulée, sur les objectifs de Bouteflika. « Je connais Bouteflika, je sais que, peut-être il a d’autres visées. Peut-être ce n’est pas pour réaliser les aspirations des Algériens que le DRS a été démantelé. Peut-être aussi que la manière n’était pas la bonne. Mais je peux vous assurer, que si la police politique n’est pas dissoute en Algérie, il ne peut y avoir une vie meilleure, une égalité et une démocratie », lance-t-il.


Pour Saïd Sadi, « le DRS est le parrain du désastre algérien ». Contrairement aux interprétions données aux derniers changements à la tête du DRS, depuis la mise à la retraite du général Toufik, Saïd Sadi précise que Bouteflika n’a pas dissous le DRS. Selon lui, il l’a plutôt démembré. « Beaucoup disent que Bouteflika a procédé à la restructuration du DRS pour lui substituer un autre qui lui soit totalement favorable. C’est une éventualité qu’on ne peut écarter », affirme-t-il.


Analysant la personnalité du général Toufik et celle de Bouteflika, l’ancien président du RCD soutient que les deux hommes ont des points communs. « Tous les deux ne veulent pas d’un pays construit sur la loi et la volonté populaire. Ce sont des manipulateurs. Peut-être l’un plus que l’autre. Mais ils sont tous les deux dans la manipulation. Mais chacun essaie de piéger l’autre et au final, c’est Toufik qui en est victime », souligne-t-il. Sur sa lancée, l’ancien homme fort du RCD assure que sur « le fond il n’y a pas de divergences, ni idéologique, ni éthique, ni politique entre les deux hommes ».


« Ils se sont aidés mutuellement et chacun attend un retour de l’ascenseur de l’autre. Certes, c’est Toufik qui a ramené Bouteflika, c’est lui qui lui a bourré les urnes, c’est lui qui a cassé l’état-major de l’armée en 2004 et qui a violé la Constitution. Il a fait cela par calcul politique. Toufik pensait avoir plus la possibilité de rester encore au pouvoir avec Bouteflika qu’avec ses collègues de l’armée. Mais sas calculs sont faussés », indique-t-il, estimant que « le général Toufik a perdu la bataille ».


 


  Yacine Ouchikh