RSF écrit à Tebboune

 RSF écrit à Tebboune

Christophe Deloire


La dégradation de la liberté de la presse en Algérie inquiète au plus haut point  Reporters sans frontières (RSF) qui, pour enrayer cette descente aux enfers,  a envoyé, vendredi 23 juin, une lettre   ouverte au nouveau  Premier ministre algérien, Abdellmadjid Tebboune. Et le ton a été donné dès la première phrase de la missive de cette ONG. 


« Depuis 2014, l’Algérie a perdu plus de dix places au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF, pointant à la 134ème place en 2017. L’année 2016 a été tragique pour la presse algérienne, notamment après la mort en prison, le 11 décembre dernier, du journaliste-citoyen Mohamed Tamalt condamné pour “outrage à corps constitués” pour des propos publiés sur Facebook », a dénoncé l’organisation présidée par Christophe Deloire.


 « Aucune enquête n’a été ouverte sur les circonstances de sa mort, la famille reste ainsi démunie sans aucun élément d’explications de la part des autorités pénitentiaires », a-t-elle encore déploré. Et de citer ensuite l’emprisonnement


de  Mehdi Benaissa et Ryad Hartouf  du blogueur Hassan Bouras fait sur la base du code pénal dénoncé à plusieurs reprises par les journalistes algériens.  


« Un amendement de ce texte est nécessaire afin que soient définitivement déprisonnées les infractions de presse, en conformité avec la Constitution algérienne et les engagements internationaux de l’Algérie en matière de liberté d’information et de presse », a estimé RSF.


L’ONG s’est dite aussi préoccupée par  « les menaces proférées à l’encontre des journalistes par de hauts responsables menant, comme en avril 2017 à l'occasion des législatives, et la publication de textes restrictifs à l'égard de la presse préoccupent notre organisation ». « Plusieurs journalistes et médias ont fait part à RSF de leurs inquiétudes quant à leur censure qui s’exerce de plus en plus fréquemment sur internet », a-t-elle indiquée.


Autre motif d’inquiétude pour RSF : « le sort réservé aux médias audiovisuels privés qui, lorsqu’ils sont critiques, se voient quasi-systématiquement harcelés voire fermés, sans aucune consultation de l’instance de régulation ».


Aussi, l’ONG a jugé utile de recommander au gouvernement algérien d’ « encourager une régulation du secteur qui passerait par l’Autorité de régulation de l’Audiovisuel (ARAV), instance dont l’autonomie financière et l’indépendance morale doivent être préservées, notamment pour ce qui relève de l’octroi des licences aux chaînes télévisuelles ».


Yacine Ouchikh