Présidence / Me Ksentini : la polémique

 Présidence / Me Ksentini : la polémique

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika arrivant à un bureau de vote à Alger


L’ancien président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’Homme (CNPPDH), Farouk Ksentini, persiste et signe. Point démonté par le démenti cinglant de la présidence de la République sur les supposées confidences que lui aurait fait le chef de l’Etat quant à son intention de briguer un 5ème mandat, Me Ksentini assure qu’il a bel et bien rencontré Bouteflika non sans mettre en doute la véracité du communiqué de la Présidence. 


« J’ai été surpris, comme tous les Algériens, par le communiqué attribué à la présidence de la République lequel démentait ma rencontre avec le président  », a-t-il confié au journal arabophone El Khabar. Et d’ajouter : « J’ai décidé de tourner la page et de ne plus parler de ce sujet eu égard au respect que je porte au président de la République ».


Samedi 18 novembre, Farouk Ksentini a confié au site TSA Arabi avoir rencontré le chef de l’Etat qui, selon lui, est partant pour un 5ème mandat. « J’ai rencontré la semaine dernière le président Abdelaziz Bouteflika. Nous avons discuté pendant une heure. C’est la quatrième fois que je le rencontre cette année. Je le connais depuis plus de trente ans. J’ai constaté qu’il a un grand désir de se représenter pour un cinquième mandat. C’est son droit et nous le soutenons. La Constitution ne l’empêche pas de se présenter pour un autre mandat. Il faut que le choix des urnes soit respecté. Je connais bien le président. Il veut rester au service de son pays et à sa disposition jusqu’à la mort », a-t-il  assuré, non sans écarter d’un revers de la main l’option d’une candidature de Said Bouteflika. « Cela n’est pas du tout à l’ordre du jour », a-t-il tranché.


Qu’en est-il de l’état de santé du président ? « Il est vrai que sa voix a baissé et qu’il a du mal à bouger ses pieds mais sa santé mentale est bonne. Tout ce qui a été dit sur sa perte de connaissance ou de son incapacité à réfléchir, est faux. Sa santé s’améliore avec le temps », a-t-il déclaré.


Des déclarations qui n’ont pas été du goût de la Présidence qui a répliqué dimanche 19 novembre  en niant tout en bloc, tout en qualifiant Me Ksentini d’affabulateur.  « Un certain nombre de déclarations rapportées par la presse électronique et quotidienne, hier samedi 18 novembre et aujourd’hui dimanche 19 novembre 2017, stipulent que le président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, aurait accordé une audience à Maître Farouk Ksentini qui aurait abordé avec lui des questions ayant trait à la situation actuelle ainsi que les perspectives futures », a indiqué la Présidence dans un communiqué diffusé par l’APS . Et de préciser : « La présidence de la République dément catégoriquement, autant la véracité de l’audience que celle du contenu qui lui est accolé, et considère qu’il s’agit là de pures affabulations ».


Question : Farouk Ksentini, un partisan déclaré du président Bouteflika, ira-t-il jusqu’à inventer une rencontre avec ce dernier et lui prêter des propos qu’il n’a pas tenu ? Invraisemblable. Il n’a pas la réputation d’être un plaisantin et sait mieux que quiconque qu’on ne fait pas impunément à Bouteflika, vindicatif et rancunier, un enfant derrière le dos.


L’hypothèse la plus plausible est que Me Ksentini est allé vite en besogne et n’a pas, peut-être, l’aval du président de rendre publique leur rencontre. Jugeant le contexte non opportun (le président zimbabwéen Mugabé, au pouvoir depuis des lustres et qui veut le rester quelques années encore, vient d’être déposé par l’Armée), la Présidence a donc préféré mettre en sourdine la question du 5ème mandat quitte à faire passer l’ancien président de la CNPPDH pour un petit plaisantin.


Yacine Ouchikh