Algérie : Peine de mort requise contre plus de 70 personnes
Un procureur a requis la peine capitale contre plus de 70 accusés. Elles sont accusées du meurtre d’un homme qu’elles ont pris à tort pour un pyromane lors des incendies qui ont ravagé la Kabylie à l’été 2021. Djamel Bensmail, qui s’était porté volontaire pour lutter contre les incendies, a été battu à mort et immolé par des villageois de Larbaa Nath Irathen, dans la préfecture de Tizi Ouzou.
Le meurtre de Djamel Bensmail avait choqué l’Algérie par son horreur. Plus d’une centaine de personnes comparaissent pour ce lynchage depuis le 19 novembre devant le tribunal de Dar El Beida, dans la banlieue est d’Alger. Plus de 70 d’entre eux encourent la peine de mort, que réclame le procureur.
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Le 11 août 2021, Djamel Bensmail et deux passagers de sa voiture, se sachant accusés de pyromanie, se rendent à la police. La Kabylie est alors en proie à de gigantesques incendies qui ont fait au moins 90 morts. L’homme était pourtant un volontaire pour lutter contre le feu dans le village de Larbaa Nath Irathen, dans la préfecture de Tizi Ouzou.
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Malgré la présence d’agents des forces de l’ordre, la foule parvient à encercler le fourgon de police et à extirper l’homme du véhicule, d’après des images relayées sur les réseaux sociaux. 14 policiers seront aussi blessés dans l’incident. Les deux autres personnes qui accompagnaient Djamel n’ont eu la vie sauve qu’en se déguisant avec des uniformes que leur ont fourni des policiers.
Brulé deux fois
Les villageois l’ont ensuite battu puis immolé tandis que des jeunes prenaient des selfies devant le cadavre. L’accusation a projeté certaines de ces vidéos à l’ouverture du procès. Elles montrent le lynchage de Djamel Bensmaïl, brûlé vif et dépouillé de ses objets personnels, notamment son téléphone portable. « Vous l’avez brulé et une fois le feu s’est consumé, vous l’avez rallumé une seconde fois», rappelle l’avocat du défunt.
Les accusés, qui comparaissaient devant le tribunal de Dar El Beida, dans la banlieue est d’Alger, sont poursuivis notamment pour « actes terroristes et subversifs contre l’État et l’unité nationale » et « homicide volontaire avec préméditation », selon le bureau du procureur. « Ces gens n’avaient ni essence ni kérosène. Ils sont venus éteindre le feu qui brûlait vos maisons », a plaidé l’avocat de la partie civile. « L’État doit frapper fort », a-t-il insisté.
Le procureur a également requis une peine de 10 ans de prison à l’encontre de 25 autres personnes. Elles sont jugées pour « attroupement armé, outrage à corps constitué et diffusion de photos et vidéos visant à semer le trouble », selon le quotidien arabophone El Khabar.