Ouyahia s’attaque à l’opposition « radicale »
Certaines critiques de l’opposition exprimées, à l’Assemblé populaire nationale (APN) à l’occasion de la présentation du plan d’action du gouvernement, n’ont pas été du goût du Premier ministre Ahmed Ouyahia qui, lors d’un point de presse animé aujourd’hui à l’issue de l’adoption de son plan, a chargé encore l’opposition.
« Nous avons été traités de mafia ! Nous avons été traités de voyous ! La moindre des choses est de répondre. La démocratie, c’est le droit à la parole pour chacun », a-t-il fait remarquer. Et de préciser : « Je n’ai pas l’habitude, quand je prends une gifle sur ma joue droite, de tendre la joue gauche ».
Enfilant les habits du bon démocrate qui accepte les critiques objectives, le Premier ministre assure faire la distinction entre l’« opposition civilisée » et l’« opposition radicale ». Autrement dit, ses attaques ne sont destinées qu’à cette dernière.
Dans ce qu’il a présenté comme une réponse politique, le Premier ministre s’est particulièrement attaqué au MSP qu’il accuse de ne pas savoir sur quel pied danser. « Certains dans cette famille politique ne savent plus ce qu’ils sont », a-t-il lancé, avant d’enfoncer le clou : « On ne sait pas s’ils veulent la révolution, le dialogue, une discussion, la participation …».
La réponse du parti créé par Mahfoud Nahnah ne s’est pas faite attendre en pointant du doigt la « tendance éradicatrice » et « hautaine » d’Ahmed Ouyahia. « Ahmed Ouyahia a envoyé un message négatif dans sa réponse aux interventions des députés et des chefs de groupes (…). Il n’a pas le droit de faire ce genre de jugements et d’accusations. Il devait être le Premier ministre de tous les Algériens et de toutes les composantes de la société algérienne », a soutenu le chef du groupe parlementaire du MSP, Nasser Hamdadouche, dans une déclaration faite à la presse. « Ahmed Ouyahia ne croit pas au dialogue, à l’opinion de l’autre ou à l’alternance au pouvoir. Il a gâché sa chance d’aller vers un dialogue national global avec tous les partenaires », a-t-il insisté.
Autre parti à se sentir visé par les nouvelles attaques du Premier ministre, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui, par la voix de son député de Béjaia, Athmane Mazouz, a répondu du tac au tac. « J’assume pleinement mes déclarations et je vous donne rendez-vous avant la fin de l’année lors de la présentation du projet de Loi de Finances 2018. En tant que député du RCD, vous me trouverez à chaque fois que vous descendrez à l’Assemblée pour vous rappeler toutes vos turpitudes, vous, qui par opportunisme et sans état d’âme, menez pendant des années des politiques sans vision ni stratégie crédibles », a écrit M. Mazouz sur sa page facebook.
Plus virulent encore, le député de Bejaia assène : « M. Ouyahia, contrairement à votre mercenariat assumé, il y a des hommes et des femmes, des vrais, des dignes et des braves qui continueront à résister pour éviter que l’Algérie sombre dans une aventure dont on paie chaque jour les errements ».
Yacine Ouchikh