Algérie : nouveau gouvernement avec d’anciens ministres

 Algérie : nouveau gouvernement avec d’anciens ministres

Aymen Benabderrahmane, 60 ans, succède à Abdelaziz Djerad à la tête du gouvernement algérien.

L’Algérie s’est dotée d’un nouveau gouvernement, qui voit la moitié des ministres sortants reconduits. Le nouvel exécutif est issu des élections législatives du 12 juin, marquées par une abstention record et la répression du mouvement contestataire du Hirak.

Le président Abdelmadjid Tebboune a dévoilé mercredi la composition de l’équipe gouvernementale. Elle reconduit à leurs postes tous les détenteurs des portefeuilles régaliens, à l’exception des portefeuilles des Affaires étrangères et de la Justice. La nouvelle équipe compte 34 membres, dont quatre femmes seulement, le même nombre qu’auparavant.

Seule surprise, l’ex-diplomate Ramtane Lamamra remplace Sabri Boukadoum aux Affaires étrangères. Lamamra avait déjà été chargé de la politique extérieure sous le président Abdelaziz Bouteflika. L’homme est bien connu sur la scène internationale, notamment en Afrique. Il a été un temps pressenti pour être l’envoyé spécial des Nations unies en Libye en 2020. Mais, l’opposition de certains pays arabes a finalement fait échouer sa candidature. Un autre ancien de l’ère Bouteflika fait son retour. Abdelhakim Belabed retrouve son portefeuille de l’Éducation nationale.

Le premier président de la Cour suprême, Abderrachid Tebbi, devient garde des Sceaux à la place de l’impopulaire Belkacem Zeghmati. Ce dernier est notamment associé à la répression de l’opposition et à la lutte contre la corruption. En ce qui concerne les médias, sous haute surveillance, Ammar Belhimer conserve le fauteuil de ministre de la Communication. Mais, il n’est plus porte-parole du gouvernement.

 

Du neuf avec du vieux

Parmi les ministres conservant leurs postes figurent ceux de l’Intérieur Kamel Beldjoud, de la Santé Abderrahmane Benbouzid, du Commerce Kamel Rezig et de l’Énergie Mohamed Arkab.

Le 30 juin, le chef de l’État avait nommé Premier ministre Aïmène Benabderahmane, alors ministre des Finances dans l’équipe précédente. M. Benabderahmane va garder ses fonctions ministérielles. Il aura pour tâche prioritaire de redresser la situation socio-économique au moment où le pays traverse une grave crise.

La liste du gouvernement n’augure pas de changement majeur de cap politique. Le 1er mars, lors d’un remaniement ministériel mineur, le président Tebboune avait pourtant promis qu’un changement profond du gouvernement interviendrait après les élections législatives.

 

Gouvernement déjà affaibli

Mais, la victoire du Front de libération nationale (au pouvoir) et de ses alliés semble remettre en question cette promesse. Le vote a pourtant connu par une abstention record (77%). Surtout, il n’a pas sorti le pays de la crise politique démarrée avec le soulèvement populaire du Hirak en 2019. Une partie de l’opposition et le Hirak avait rejeté ces élections. Ils continuent de réclamer un changement radical du « système » politique en place depuis l’indépendance (1962).

Dans une tentative d’apaisement, le président Tebboune a ordonné dimanche de relâcher de jeunes prisonniers incarcérés pour avoir pris part à des manifestations du Hirak. Mais, « seulement 15 des 18 détenus qui devaient être libérés dimanche l’ont été », a déploré le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), Saïd Salhi.

Lors d’une conférence de presse mercredi à Alger, des représentants de partis politiques et de la société civile ont dénoncé « la situation inquiétante des libertés et des droits fondamentaux ». Ils ont réclamé « la libération des détenus d’opinion, l’arrêt de la répression et le retrait de la « feuille de route » suicidaire du pouvoir ».