Nezzar traite Gaïd Salah de « militaire fruste et mégalomane »
L’ancien ministre de la défense Khaled Nezzar a tiré à boulets rouges sur l’actuel patron de l’armée algérienne, Ahmed Gaid Salah et soutien inconditionnel du chef de l’Etat.
Le général à la retraite et ancien ministre de la Défense Khaled Nezzar a eu des mots très durs à l’égard du chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), Ahmed Gaid Salah, qu’il a traité de « militaire fruste et mégalomane». « On sait que chez le militaire fruste et mégalomane, beaucoup plus que chez d’autres, sommeille le diable de l’aventure », a-t-il déclaré dans un entretien accordé aujourd’hui au site Algérie-Patriotique. Ne tenant visiblement pas en estime l’actuel patron de l’armée algérienne et doutant de sa compétence, le général à la retraite s’est posé la question de savoir «si, par les temps qui courent, notre sécurité et celle de nos concitoyens sont entre de bonnes mains».
Sur sa lancée, l’ancien patron de l’Armée a fait le reproche à l’actuel vice-ministre de la Défense de ne pas tenir compte de l’avis de ses collaborateurs. Et de lui faire la leçon : « La recherche de l’efficacité consiste tout d’abord à travailler avec ses adjoints, car un chef militaire, quel qu’il soit, doit laisser place à l’expression des différentes compétences de ses subordonnés directs avant toute prise de décision majeure ». Ne s’arrêtant pas là, Khaled Nezzar prête à Gaid Salah « une ambition démesurée ». Laquelle ? Celle de devenir le successeur d’Abdelaziz Bouteflika ? Aucune précision de la part de M. Nezzar qui voit dans cette « boulimie effrénée dans la réalisation coûte que coûte d’équipements militaires au détriment de l’économie nationale » des « signes avant-coureurs » de cette ambition.
La raison de la colère de l’ancien de la défense ? La présentation ces jours-ci devant le Parlement algérien d’un projet de loi visant à réduire au silence les anciens militaires. Un projet qui est, aux yeux de M. Nezzar, « porteur d’une grave dérive liberticide ». « Il constitue, dans son esprit même, une menace contre la liberté d’expression et une atteinte aux valeurs démocratiques que défendent nos élus (…) Ils veulent imposer le silence aux officiers retraités de l’Armée nationale populaire. Ceci revient à priver une frange de la société algérienne de son droit de s’exprimer et de participer au débat national sur les questions qui engagent l’avenir de la nation », dénonce-t-il.
Yacine Ouchikh