Mobilisation monstre pour le 57e anniversaire de l’indépendance

 Mobilisation monstre pour le 57e anniversaire de l’indépendance

10 ans après le Printemps arabe, la jeunesse de plusieurs pays semble vouloir reprendre le flambeau de la contestation. Rached Cherif/LCDA


Le 5 juillet 1962, l’Algérie accédant à l’indépendance après plus d’un siècle d’occupation française. Chaque année, cette date est l’occasion de célébrations, mais ce 57e anniversaire revêt une dimension particulière, survenant en plein mouvement populaire de revendication démocratique des Algériens.


La mobilisation, toujours forte depuis le début du mouvement il y a cinq mois, s’annonce encore plus massive ce 20e vendredi consécutif de contestation du pouvoir, qui coïncide avec le 57e anniversaire de l’indépendance du pays. Les appels en ce sens, y compris de la part de personnalités de la société civile se sont multipliés ces derniers jours. À la mi-journée, la mobilisation est déjà massive dans les rues de la capitale algérienne. Quelques provocations entre manifestant et forces de l'ordre, qui n’ont pas dégénéré, sont signalées, à la place Maurice Audin par exemple.


Les médias algériens rapportent des manifestations qualifiées parfois d’impressionnantes, notamment à Constantine. Des rassemblements sont aussi en cours dans les grandes villes du pays : Bouira, Annaba, Chlef, Oran, Mostaganem, Béjaïa, Tizi-Ouzou, etc.


C’est une nouvelle journée test de la capacité de mobilisation de la contestation et donc pour le pouvoir deux jours après que le président par intérim Abdelkader Bensalah a proposé la création d’une instance de dialogue pour organiser une présidentielle et promis que l’État et l’armée observeraient une « stricte neutralité » au cours du processus.


57 ans après la libération du pays de l’occupation française, les contestataires réclament la libération des droits de l’Homme du pouvoir en place. Ils continuent de refuser que le « système » en place organise la présidentielle, et réclame au préalable le départ de tous les anciens soutiens d’Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier a démissionné le 2 avril sous la pression de la rue après 20 ans de pouvoir.


La présidentielle, initialement prévue le 4 juillet et rejetée par les manifestants, a été annulée faute de candidat. Et alors que le délai de 90 jours prévu par la Constitution pour l’intérim expire théoriquement dans les prochains jours, Abdelkader Bensalah a dit qu’il resterait à son poste jusqu’à l’élection d’un nouveau président.


De la mobilisation d’aujourd’hui pourrait dépendre en partie la suite du processus politique. Partis d’opposition, société civile et observateurs attendent de voir comment cette proposition va être accueillie par la rue et concrétisée, car aucun nom n’a été avancé à ce stade pour le dialogue. Selon le site indépendant TSA (Tout sur l’Algérie), le nouvel appel risque aussi d’être rejeté « si les autorités ne s’empressent pas d’annoncer des mesures concrètes d’apaisement ».