27.000 migrants subsahariens rapatriés en trois ans

 27.000 migrants subsahariens rapatriés en trois ans

Camp de migrants nigériens aux environs de la ville algérienne de Boufarik


Le gouvernement algérien tente de se défendre sur les expulsions des migrants subsahariens après avoir été égratigné par des ONG internationales comme la FIDH et Amnesty.


Les migrants subsahariens sont-ils indésirables en Algérie ? En 3 ans à peine, pas moins de 27 000 d’entre eux ont été rapatriés chez eux, a annoncé aujourd’hui à l’Assemblé nationale populaire (APN), le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, Noureddine Bedoui.


Précision de celui-ci : l’Algérie compte poursuive ces expulsions mais cela se fera, a-t-il précisé, « dans le cadre du strict respect des droits de l’homme ».


« Nous avons le droit de défendre notre sécurité », s’est défendu le ministre algérien, non sans assurer que « l’Algérie ne s’exonèrera jamais de son devoir humanitaire, dans le cadre de la gestion du phénomène de la migration clandestine, notamment des ressortissants subsahariens ».


La même profession de foi a été faite par le Premier ministre Ahmed Ouyahia, hier à Kigali où il a pris part au sommet extraordinaire de l’UA, en déclarant : « l’Algérie ne lésinera sur aucun effort pour aider ses voisins du Sahel afin de privilégier un climat de paix et de sécurité dans la région, néanmoins l’Algérie continuera  à se défendre contre la migration clandestine , à travers une gestion du phénomène qui tient compte des conventions internationales et en collaboration avec les pays d’origine».  


Sauf que des ONG comme la FIDH doutent de la bonne foi du gouvernement algérien et n’ont pas hésité à dénoncer le caractère illégal des arrestations et expulsions des migrants subsahariens.


Dans un communiqué rendu public le 16 mars, la FIDH a en effet dénoncé des « pratiques abusives, illégales au regard du droit international et du droit algérien » dont se sont rendus coupables des responsables de la capitale algérienne, non sans appeler les autorités algériennes à « cesser immédiatement ces pratiques illégales non conformes aux conventions internationales ratifiées par l’Algérie ». 


Cette montée au créneau de la FDH fait suite à la vague d’« arrestations massives de personnes migrantes », les 11 et 12 mars à Alger.


« Les organisations se trouvant sur le terrain confirment que les arrestations se sont déroulées de manière arbitraire, par des agents des forces de l’ordre en civil et en uniforme. Les arrestations ont été effectuées au faciès, sans qu’aucune procédure ne soit respectée (aucune vérification des identités ni des autorisations de séjour en cours de validité pour certaines des personnes arrêtées) », a rapporté l’ONG.


Et d’ajouter : «  Détenues au centre de loisirs de Zeralda, transformé depuis quelques années en centre de rétention qui ne dit pas son nom, puis à Tamanrasset, transportées sous la contrainte dans des bus sous escorte de la gendarmerie et assistées par le Croissant Rouge Algérien, abandonnées en plein désert dans la zone frontalière au sud du pays pour les inciter à quitter le territoire, les personnes sont laissées sans ressource, vulnérables à tout type d’abus, de violations, et de risque pour leur vie ».


Pour  la FIDH, ces opérations d’expulsions sont « monnaie courante » en Algérie depuis septembre 2017.


Yacine Ouchikh