Menacé de faillite, Condor engage un vaste plan social

 Menacé de faillite, Condor engage un vaste plan social

En 2019


Fleuron de l’industrie électronique algérienne en pleine expansion ces dernières années, l’entreprise Condor, qui affichait jusqu’en 2017 un chiffre d’affaires d’1 milliard de dollars, fait face à une crise économique existentielle. En cause, la convergence de facteurs concurrentiels et de politique nationale. Explications.


Téléphones mobiles, tablettes tactiles, montres intelligentes, bracelets connectés, téléviseurs HD et 4K, caméras, visiocasques, pèse-personnes connectés, applications mobiles…  tel est le large éventail de produits conçus et fabriqués par ce géant algérien du hi-tech propriété du groupe industriel Benhamadi.


En 2018, Condor inondait le marché voisin tunisien avec des prix très compétitifs et se payait le luxe d’un showroom à Tunis, où sont exposés et distribués les produits électroménagers et multimédias de l’entreprise algérienne en Tunisie.


La même année, le conseil d’administration du groupe Condor annonçait son intention d’implanter une usine de fabrication de téléviseurs en Tunisie, avec une capacité de 300 000 unités par an pour un investissement de 5 millions d’euros, financé en grande partie par les banques tunisiennes.


Mais coup de théâtre à la mi-août 2019 : au moment où la rue algérienne se soulève, l’homme d’affaires et PDG du groupe Condor, Abderrahmen Benhamadi, est arrêté par les autorités algériennes alors qu’il était précisément sur le point de se rendre en Tunisie.


Aujourd’hui l’entreprise Condor Electronics annonce selon nos confrères « DIA » sa quasi faillite, en mettant en chômage technique pas moins de 40 % de ses salariés. Implantée à Bordj Bou Arreridj, l’entreprise reconnaît des « problèmes significatifs ».


 


Un millier d’employés licenciés


Quelque 1000 employés appartenant à différentes unités de l’entreprise seront touchées par cette mise au chômage technique, notamment les chaines de montage de téléphones mobiles et d’articles électroménagers.


« Cette décision est imposée par les problèmes significatifs que rencontre l’entreprise, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en matière première et les retards de livraison des licences d’importation », explique l’administration de l’entreprise, avant de faire état du licenciement récent de près de 2 400 employés ayant un contrat à durée déterminée, auxquels s’ajoutent le millier de départs forcés, sur un total de 6500 employés.


Plusieurs centaines de salariés de l’entreprise filiale du Groupe Benhamadi ont aussitôt observé un sit-in devant la direction des ressources humaines dans la zone industrielle de Bordj Bou Arreridj. Les représentants syndicaux des protestataires, cités par l’APS, se disent préoccupés et exigent des explications.


Plus conciliant, un représentant de l’administration a cependant tenté de tempérer en affirmant que des « négociations avec les représentants des employés sur les mécanismes d’application ces départs conformément au code du travail algérien ont été engagées », tout en assurant que Condor Electronics « compte bien surmonter la situation actuelle dans les plus brefs délais. »


En attendant, les patrons de Condor Electronics restent en détention provisoire à la prison d’El Harrach. Une incarcération qui a sans aucun doute impacté les activités du groupe qui bénéficiait selon la presse algérienne de privilèges fiscaux très avantageux l’ancien pouvoir, ce qui lui permettait notamment de peser contre la concurrence féroce des produits coréens et chinois, leaders des secteurs de la téléphonie et des téléviseurs connectés.