Marches en Kabylie pour célébrer le printemps Amazigh
A l’appel du RCD et du MAK, plusieurs marches ont été organisées dans les principales villes de Kabylie en ce 36ème anniversaire du printemps amazigh.
Berceau de la revendication berbère, la Kabylie est restée fidèle à sa tradition. Comme chaque 20 avril de chaque année, des milliers de citoyens de cette région sont descendus dans la rue pour célébrer le 36ème anniversaire de ce qui est communément appelé le printemps Amazigh. Des marches ont été organisées dans les grandes villes de la Kabylie à l’appel du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK). Le Front des forces socialistes (FFS), pourtant fortement implanté dans la région, s’est, lui, mis aux abonnés absents.
A Tizi Ouzou, la marche du RCD a vu la participation de ses principaux dirigeants dont son président Mohcine Belabbas et son ancien président Said Sadi. Les manifestants ont entonné plusieurs slogans : « Pour une officialisation effective de tamazight », « État de droit, démocratie et bonne gouvernance », « Le printemps berbère n’est ni à vendre ni à hypothéquer », etc. A leur tête leur président Bouaziz Ait Chebib, les militants du MAK ont, eux, scandé des mots d’ordre autonomistes, genres« Pour une Kabylie libre et indépendante » et « Pour l’autodétermination du peuple kabyle ».
Même topo à Bejaia où partisans du RCD et du MAK ont marché séparément. Si les militants du parti de Mohcine Belabbas ont entonné les traditionnels slogans de « pouvoir assassin », « Algérie libre et démocratique », leurs camarades du MAK ont préféré, eux, réitérer leur principale revendication d’«une Kabylie indépendante, souveraine et laïque ». Remarque importante : les marches se sont déroulées dans le calme et aucun incident ne les a émaillées.
La "provocation" du pouvoir
Il faut dire qu’à la veille de ces manifestations, d’aucuns ont exprimé des craintes de voir les autorités actionner la machine de la répression. Pour cause : l’administration a interdit, il y a quelques jours, des conférences sur la cause amazighe à l’intérieur des universités des principales villes de Kabylie. Et le 18 avril, à l’occasion d’une visite à Tizi Ouzou, le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali, un enfant de la région et ancien militant du RCD, n’est pas allé de main morte en accusant ceux qui veulent marcher pour Tamazight de vouloir diviser le pays. « Ceux qui veulent marcher demain sont des gens qui cherchent la partition du pays, ce pays pour lequel nos parents se sont sacrifiés. Rien que cette région a donné 22 000 martyrs pour que vive l’Algérie algérienne, unie et indivisible », a-t-il lancé. Pour lui, « une marche pour tamazight n’a plus sa raison d’être maintenant que cette langue qui était la revendication d’avril 80 est officialisée ».
Yacine Ouchikh