Louisa Hanoune évoque des menaces de mort

 Louisa Hanoune évoque des menaces de mort

Louisa Hanoune


 


Menant une campagne agressive depuis des mois contre ce qu’elle appelle l’oligarchie qu’elle accuse de vouloir faire main basse sur la décision politique en Algérie, la pasionaria du Parti des travailleurs (PT) assure faire l’objet de menaces de mort !


 


Le fait est gravissime. La  secrétaire générale du parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, affirme faire l’objet de menaces de mort. La pasionaria algérienne semble faire les frais de son opposition frontale à ce qu’elle qualifie de « pouvoir parallèle » et d’« oligarchie » qui, selon elle, a détourné la décision politique en s’accaparant des prérogatives du président Bouteflika, complètement isolé du monde extérieur depuis son retour du Val-de-Grâce en France où il avait été admis, en avril 2013, suite à un AVC.


« Ceux qui veulent casser le PT font pression sur nos députés. Ils leur ont dit que s’ils n’enlevaient pas leur secrétaire générale, elle sera tuée. Le député Salim Labatcha qui a été exclu du parti a osé dire que même Boudiaf ils l’ont tué ! », a-t-elle dénoncé, lors d’une conférence de presse animée, lundi dernier à Alger.


La dame qui a mené avec ses députés la révolte, au sein même de l’Assemblée populaire nationale (APN), contre le projet de loi de finances qui, selon elle, met en œuvre des mesures d’austérité et accorde des largesses aux hommes d’affaires, subit, depuis quelques semaines des pressions.


Un mouvement de redressement de son partia même été lancé par le député Salim Labatcha, exclu depuis décembre dernier des rangs du parti. A l’origine de ce mouvement, Louisa Hanoune accuse directement des cadres du parti FLNdont le richissime député, Baha Eddine Tliba, et des hommes d’affaires véreux qu’elle accuse  d’interférences illégales dans les affaires internes de son parti. Ces derniers, dénonce encore Louisa Hanoune, recourent au chantage, à la menace et à la corruption pour contraindre des cadres du PT à rejoindre ce mouvement de redressement.


«En voulant déstabiliser le PT, la bande mafieuse veut déstabiliser le pays par la destruction de toutes les forces qui résistent au pillage local et étranger, en défense de la nation. Cette bande est un danger pour le multipartisme», lance-elle, assurant que rien n’entamera sa volonté et son combat « contre les prédateurs ».


Les pressions contre Louisa Hanoune sont en tout cas réelles. Depuis sa dénonciation du projet de la loi de finances 2016 et son intégration du groupe des 19 personnalités ayant demandé audience au président Bouteflika pour dénoncer les décisions politiques prises en son nom, elle semble être dans le collimateur des tenants du pouvoir. Boycottée par les médias publics, notamment la télévision, Louisa Hanoune a même été attaquée dans un édito du journal gouvernemental, El Moudjahid, qui était par le passé très réservé sur ces questions.


La pasionaria du PT a-t-elle dérangé de gros intérêts et que ses cibles veulent la faire faire taire à tout prix ? Possible.  Cela est d’autant plus plausible que, par le passé, d’autres hommes politiques et partis  d’opposition ont été victimes de telles pratiques. Le cas de l’islamiste Abdallah Djaballah est édifiant. Opposant radical au régime, l’homme a fait les frais, à deux reprises, de ce genres de mouvement de redressement et il a perdu la direction de ses deux partis, Ennahda et El Islah,  entre 1998 et 2004.


Ces procédés d’intimidation contre l’opposition sont légions. Ce qui  remet en cause la volonté qu’on prête au pouvoir de vouloir, dans le projet de la nouvelle Constitution,  d’encourager l’émergence d’une opposition forte dans le pays.


Yacine Ouchikh