Algérie : Les partis d’opposition ciblés, le multipartisme attaqué ?

 Algérie : Les partis d’opposition ciblés, le multipartisme attaqué ?

Les dirigeants des partis politiques algériens (de gauche à droite) le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) Mohcine Belabbas, l’Union pour le changement et le progrès Zoubida Assoul, et l’ancien coordinateur de la direction de l’opposition Front des forces socialistes (FFS) Ali Laskri, assistent à une conférence de presse de l’Alliance alternative démocratique dans la capitale Alger, le 10 octobre 2020. RYAD KRAMDI / AFP

Algérie. Amnesty international s’inquiète des suspensions et des dissolutions menaçant des partis politiques algériens ayant notamment un rôle actif dans le Hirak.

 

Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le Parti socialiste des travailleurs (PST) ou encore l’Union pour le Changement et le Progrès (UCP). Trois partis algériens, impliqués dans le mouvement Hirak, se retrouvent dans le collimateur du ministère algérien de l’Intérieur. Celui-ci tente de les suspendre en les accusant de ne pas respecter leurs obligations légales.

« Le droit international relatif aux droits humains et la Constitution algérienne garantissent les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique pour les partis politiques », rappelle Amna Guellali, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International, et demande aux autorités algériennes d’arrêter d’attaquer les libertés fondamentales.

Action abusive ?

« Il s’agit d’un grave précédent contre le multipartisme et d’une atteinte supplémentaire intolérable aux libertés démocratiques dans notre pays » réagissait le PST, via un communiqué, à l’annonce de sa suspension « provisoire » ordonnée par le Conseil d’Etat algérien, le 20 janvier.

L’institution est donc allée dans le sens du ministère de l’Intérieur qui reprochait au parti « la non tenue de son congrès de mise en conformité dans les délais ». « Cette action judiciaire abusive est intervenue avant l’expiration du délai de 15 jours fixé par la mise en demeure qui nous a été adressée » et surtout « au lendemain de la tenue, justement, de notre congrès » se défendait le parti.

Maintien au pouvoir

L’UCP a eu plus de chance puisque la demande du ministère de l’Intérieur de suspendre le parti a été rejetée par le Conseil d’Etat algérien. Un mois de janvier compliqué pour les partis soutenant le Hirak.

Au début du mois, le RCD était visé par le ministère de l’Intérieur concernant une rencontre « non autorisée » au siège du parti. Une réunion portant sur la répression du militantisme politique en Algérie, rapporte Amnesty International. Pour l’organisation, « les autorités algériennes veulent à tout prix se maintenir au pouvoir ». Elle rappelle que « rien ne justifie de poursuivre des militants politiques et de suspendre des partis d’opposition ».