Les législatives à l’épreuve du grain de sable numérique

 Les législatives à l’épreuve du grain de sable numérique

DZjoker Chemseddine Lamrani. Capture d’écran / Youtube.


Avec des moyens dérisoires, deux jeunes internautes ont sérieusement mis en difficulté la propagande officielle qui, à coup de milliards de dinars, s’escrimait depuis une quinzaine de jours, sans succès, à convaincre les Algériens de se rendre massivement aux urnes.  


Leurs deux podcasts balancés sur les réseaux ont réalisé un tel buzz auprès des internautes (plus de 2 millions de vues pour la vidéo Mansotich en deux jours seulement) qu'ils ont provoqué une véritable panique chez le gouvernement.


Un affolement qui se laisse voir dans la réaction épidermique du ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aissa, d’habitude assez pondéré, qui a voué aux gémonies les deux youtubeurs. « «Je viens de découvrir une campagne nuisible sur les réseaux sociaux, untel dit «Mansotiche… Allah la Isouti !» et un autre instrumentalise la religion et se montre irrévérencieux à l’égard d’Erissala et les compagnons du Prophète, prêche le mensonge et le doute et jure par Dieu qu’il est honnête !», a-t-il pesté.


Invité à une émission de Chourouk TV, Seddik Chihab, porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), un parti du pouvoir, et candidat tête de liste à Alger, a tenté de discréditer le jeune DzJoker, auteur de la vidéo Mansotich, en l’accusant d’être manipulé. « La vidéo est bien faite. Je pense qu'il y a de la manipulation derrière », a asséné le dirigeant du RND. Pour lui, le jeune internaute « fraha »,  autrement dit il a une bonne situation financière. Autrement dit, les jeunes Algériens doivent se méfier du discours anti-vote de ce « nanti ».


 Dans sa vidéo « Mansotich » (je ne sauterai pas), un anagramme de « Mansawetch » (je ne vote pas) qui sonne comme réplique au mot d’ordre officiel Semae sawtek (fais entendre ta voix), DzJoker, de son vrai nom Chemseddine Lamrani, « Chamsou » pour les intimes, a campé plusieurs rôles (chômeur, travailleur, sportif, prisonnier…) en reprenant les arguments des uns et des autres expliquant leur refus d’aller voter.


Dans un langage populaire, mélangeant arabe et français, le jeune Chamsou a su trouver le mot juste en puisant dans le vécu des différentes catégories sociales. Et ça a fait tilt auprès des internautes algériens qui ont abondamment commenté et surtout partagé la vidéo.



L’autre star du moment, est le jeune Anes Tina qui a parodié le film Errissala en l’adaptant à la sauce électorale algérienne avec comme message subliminal la nécessité du boycott des législatives de demain.


Avec presque rien, ces deux jeunes ont mis en échec, avec des mots simples puisés du vécu des Algériens, le discours officiel d’un gouvernement ayant pourtant à sa disposition des moyens colossaux. Reste à savoir si ces deux vidéos auront vraiment un impact sur les Algériens qui ont toujours tourné le dos aux urnes.


Yacine Ouchikh