Législatives : les partis du pouvoir en tête, le statu quo maintenu

 Législatives : les partis du pouvoir en tête, le statu quo maintenu

Le président algérien


Au sortir d’une élection législative terne et sans relief, le gouvernement peut bien se targuer d’avoir réussi à réaliser l’essentiel à ses yeux : avoir permis  aux partis-maison, le FLN et le RND, de garder  la majorité parlementaire avec, à deux, près de 261 députés sur les 460 qui constitueront le prochain Parlement.  


Arrivé en tête, le Front de Libération de Djamel Ould Abbes n’a toutefois décroché que 164 sièges, soit 57 de moins que lors de la mandature de 2012. Ce qui donnera certainement du grain à moudre aux opposants, au sein du parti, de Djamel Ould Abbes qui a promis, avant et pendant la campagne électorale,  d’arracher la majorité absolue. Un signe d’un lâchage en règle de l’actuel secrétaire général par les hautes sphères de décision ? Possible. 


Soulagement pour le pouvoir : le recul du FLN a profité principalement à son frère-ennemi, le Rassemblement national démocratique (RND), qui a raflé 97 sièges, soit 27 sièges de plus que lors de la précédente législature.


A ces deux partis, on peut ajouter TAJ d’Amar Ghoul (19 sièges), le Mouvement populaire algérien (MPA) d’Amara Benyounes (13 sièges) et l’Alliance  nationale républicaine (ANR) de  (08 sièges) qui sont tous des soutiens indéfectibles du président Bouteflika.


Derrière ce conglomérat de partis nationalo-conservateurs, on trouve le courant nationaliste islamiste qui n’a pas réussi à tirer son épingle du jeu.  Le binôme Mouvement pour la société de paix (MSP)–Front du changement (FC) et le trio Adala-Nahda-Bina n’ont pu obtenir ensemble que 48 sièges.


Un échec cuisant  pour ce courant qui se plaisait à se passer pour la voix du peuple. Mais les plus grands perdants de cette élection ce sont incontestablement les partis démocrates comme le Front des forces socialistes (FFS) avec 14 sièges contre 26 dans la précédente assemblée, le Parti des travailleurs (PT) de Louisa Hanoune, 11 sièges contre 24 en 2012 et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) 09 sièges.  A trois ces partis aux lignes diamétralement opposées, n’auront que 34 sièges à la prochaine Assemblée !


L’abstention, le vrai vainqueur


Au vrai, le parti victorieux de cette élection est incontestablement celui des abstentionnistes puisque le taux de participation n’est que de 38,25 %, en baisse par rapport à la mandature de 2012 (43,14%) mais en en hausse comparé à celui de celle de 2007 (35,67%).


L’enseignement à tirer de ce chiffre : désabusés, les Algériens ne croient plus en un changement par les urnes et mettent  presque dos à dos les partis politiques de toutes obédiences confondues. Ce qui constitue en soi un véritable danger pour le pays qui peut facilement basculer dans l’inconnu.


C’est clair, le gouvernement comme les partis engagés dans cette élection n’ont pas réussi  à convaincre les Algériens à se rendre aux urnes. Les boycotteurs sont-ils pour quelque chose dans cette désaffection ? Pas évident quoiqu’ils peuvent se targuer d’avoir été en phase avec le peuple.


Une chose est sûre, le prochain Parlement sera lourdement handicapé et ne peut se targuer d’aucune légitimité face à l’Exécutif qui aura toute la latitude de faire passer toutes les lois qu’il veut.


Ainsi, le moment le pouvoir peut dormir sur ses lauriers lui qui a réussi le plus important à ses yeux : doter le prochain président qui sera "issu" des présidentielles de 2019 d’une majorité parlementaire confortable à même de lui permettre de passer sans grand encombre son quinquennat.


Petite consolation tout de même après cette drôle d’élection : 32,31% de la nouvelle Assemblée est constituée de femmes.


Yacine Ouchikh