Le projet de loi contre la violence faite aux femmes « libéré »
Bloqué depuis une année au Conseil de la Nation, le projet de loi criminalisant la violence contre les femmes est enfin libéré. Ce texte qui prévoit de lourde sanction contre les auteurs des violences à l’égard des femmes a suscité des remous à l’Assemblée populaire nationale (APN).
Les députés des partis islamistes et même des conservateurs du FLN ont violemment critiqué ce projet de loi qui, selon eux, menace de « disloquer » la famille algérienne. Mais malgré la grande contestation, le projet a été voté à l’APN avant d’être bloqué au niveau de la chambre basse du parlement, sous prétexte que le texte « nécessite un examen approfondi ».
Il a fallu attendre deux sessions du Parlement pour que le projet soit programmé en plénière au Sénat. Présenté par le ministre de la Justice, garde des Sceaux Tayeb Louh, le projet est, depuis hier, en cours d’examen par les sénateurs qui doivent le voter jeudi prochain (10 décembre).
La présentation du projet ne s’est pas également faite sans polémique. Le ministre de la Justice qui tenait son mal en patience pendant plus d’une année, a saisi l’occasion pour charger les partis islamistes hostiles à la promulgation de ce texte. « Je n’ai pas commenté ou fait de déclarations. J’ai attendu mon tour pour répondre à ceux qui ont déformé le contenu de ce texte », lance le ministre devant les sénateurs.
Tayeb Louh revient, dans la foulée, sur les principaux points du projet de loi dont la criminalisation de la violence verbale et des actes portant atteinte à la pudeur dans la rue en rappelant le vide juridique concernant ce sujet. « Il y a eu une déformation des propos et des interprétations», dénonce-t-il.
Pour défendre son texte, le ministre de la Justice a rappelé l’affaire de Razika Cherif, la femme tuée par un automobiliste à Magra dans la wilaya de M’sila pour avoir refusé de céder à ses avances. « La victime était une femme. Il l’a agressée verbalement. La victime a répondu puisqu’il a touché son honneur. Il a poursuivi l’agression », rappelle Tayeb Louh. « S’il n’avait pas été arrêté, la vengeance de la société aurait été terrible », précise-t-il.
Durant la période de blocage de ce texte, les organisations des droits de l’homme et le mouvement féministe en Algérie ont mené plusieurs actions sur le terrain pour dénoncer le diktat des islamistes mais aussi l’attitude permissive des pouvoirs publics.
Yacine Ouchikh