Algérie. Le président Tebboune réélu sans surprise à près de 95% des voix

 Algérie. Le président Tebboune réélu sans surprise à près de 95% des voix

« Toute ressemblance avec un pays voisin n’est que fortuite ! », ironisent des internautes tunisiens qui présagent d’un scénario fort similaire en tous points dans un mois en Tunisie. Sans suspense, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a été élu pour un deuxième mandat avec un score jugé « indécent » par l’opposition.

« Le chiffre digne de l’ancien monde » a été annoncé dimanche 8 septembre par le président de l’autorité électorale, l’ANIE. Celle-ci n’a cependant toujours pas fourni de nouveaux chiffres sur le taux de participation, après avoir annoncé dans la nuit « un taux moyen de 48% à la fermeture des bureaux de vote ». Sur un total de 5,630 millions de votes enregistrés, 5,320 millions ont voté pour le candidat indépendant Tebboune, « soit 94,65% des voix », a ainsi déclaré Mohamed Charfi.

« L’élection a été marquée par une large transparence » et a « reflété la maturité électorale du peuple », s’est félicité le président de l’Anie, à la faveur d’un auto-satisfécit. Quelques heures plus tôt, l’un des concurrents de Tebboune, le candidat islamiste modéré Abdelaali Hassani, avait quant à lui dénoncé « plusieurs violations » durant le scrutin. Selon son équipe de campagne, il y aurait eu en effet « des pressions sur certains responsables de bureaux de vote pour gonfler les résultats », notamment ceux du taux de participation.

 

Taux de participation remis en question

L’équipe de Hassani par ailleurs a qualifié de « bizarrerie » le « taux moyen de participation » annoncé par l’autorité électorale, qui a calculé la moyenne des relevés des différentes régions. Or, le taux de participation correspond habituellement au nombre d’électeurs divisé par le nombre d’inscrits (24,5 millions au total).

Car l’affluence était un enjeu majeur du scrutin alors que la victoire d’Abdelmadjid Tebboune ne faisait guère de doutes pour les analystes. Hormis le candidat islamiste, l’autre adversaire était Youcef Aouchiche, le président du Front des forces socialistes, plus vieux parti d’opposition de gauche, fortement ancré en Kabylie à l’est du pays.

Pour rappel, Tebboune avait remporté l’élection de décembre 2019 avec 58% des suffrages mais une participation de moins de 40%. Le vote s’était tenu en plein Hirak, mouvement prodémocratie réclamant une vaste réforme du système en vigueur depuis l’indépendance de 1962. De nombreux partis avaient alors appelé au boycott.

 

 

Le président Kais Saïed a aussitôt félicité son homologue 

Ce n’est pas là le seul point commun avec la Tunisie voisine où le pouvoir craint la répétition du taux de participation catastrophique aux dernières législatives de 2022 (un historique 11%), qui traduit là aussi une profonde dépolitisation du pays. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique le 2 septembre, le politologue et chercheur associé à la Fondation Carnegie, Hamza Meddeb, explique que « Kaïs Saïed n’envisage pas l’échéance présidentielle comme une élection mais comme un plébiscite ».

Suite à l’élimination polémique de trois adversaires pourtant réintégrés par le Tribunal administratif, seuls deux concurrents, comme en Algérie, défieront le président sortant Saïed, dont le candidat Ayachi Zammel, actuellement en détention. Un pluralisme en nette régression lorsque l’on compare ce scrutin au premier tour de l’élection présidentielle de 2019 où s’étaient affrontés pas moins de 26 candidats.