Algérie. Tebboune convoque une élection présidentielle anticipée
A la surprise générale, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé jeudi soir 21 mars que le scrutin présidentiel aurait lieu dès le 7 septembre, soit trois mois avant la date initialement prévue, ce qui la place à une date concomitante avec la présidentielle tunisienne.
C’est tard dans la nuit de jeudi à vendredi que les médias algériens en ont fait l’annonce : les Algériens vont donc retourner aux urnes plus tôt que prévu. Réuni au grand complet, l’exécutif a annoncé ce jeudi 21 mars la tenue d’une élection présidentielle « anticipée » le 7 septembre 2024, trois mois avant la date initialement prévue. La décision fait suite à une réunion présidée par le chef de l’Etat, Abdelamadjid Tebboune, en présence notamment de son Premier ministre, des chefs des deux Chambres du Parlement, du chef d’Etat major de l’armée et du président de la Cour constitutionnelle.
Vers un score plus large qu’en 2019
Pour rappel, la dernière élection présidentielle qui avait été remportée par Tebboune avec 58 % des voix, avait eu lieu le 12 décembre 2019. Il avait alors succédé à Abdelaziz Bouteflika, poussé à la démission en 2019 pour raisons de santé sous la pression toutefois conjuguée de l’armée et du Hirak, un mouvement de contestation populaire quasi totalement maté depuis. Bouteflika est décédé deux années plus tard, en septembre 2021.
Alors que le quinquennat d’Abdelamadjid Tebboune devait expirer en décembre, aucune raison précise n’a été avancée pour le moment pour expliquer la tenue anticipée du prochain scrutin et le Président n’a pas encore explicitement indiqué s’il se présenterait pour un second mandat. Mais l’opposition algérienne se fait peut d’illusions quant à cette candidature « acquise » et au score « autrement moins démocratique » attendu cette fois, après le démantèlement puis l’essoufflement du Hirak post répression et covid.
Situation analogue en Tunisie où l’élection présidentielle tunisienne de 2019 avait également eu lieu de manière anticipée le 15 septembre 2019 en Tunisie et du 13 au 15 septembre à l’étranger pour le premier tour, suite au décès de Béji Caïd Essebsi. L’actuel président Kais Saïed avait alors recueilli 72,71 % des suffrages. Aussitôt élu, ce dernier avait notamment opéré un rapprochement appuyé avec le voisin algérien, un axe Alger – Tunis consolidé après le coup de force constitutionnel du 25 juillet 2021 à la faveur duquel Saïed s’est arrogé tous les pouvoirs.
Le mois de septembre prochain promet donc d’être le théâtre d’une double actualité électorale, même si les enjeux en seront sans doute absents contrairement à la situation incertaine cinq années plus tôt dans les deux pays. Le pouvoir semble être verrouillé sur l’ensemble de la région puisque dans la Libye voisine, alors que le mandat de Abdelhamid Dabaiba devait initialement permettre une transition vers de futures élections, le premier ministre du Gouvernement d’union nationale, basé à Tripoli, s’accroche au pouvoir.
Comme pour enfoncer le clou de sa certitude de l’emporter, rappelons que Abdelmadjid Tebboune avait annoncé le 11 mars dernier une visite d’État en France « fin septembre-début octobre », censée dissiper les tensions entre Alger et Paris. Une visite qu’il devrait donc effectuer fort d’une fraîche réélection.
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