Le pied de nez du général Benhadid à Gaid Salah
Au mépris de la nouvelle loi imposant la réserve aux militaires de carrière admis à la retraite, le général à la retraite Hocine Benhadid signe sa première sortie publique, un peu plus d’un mois après sa libération pour des raisons médicales, et accuse la Présidence et l’Armée d’avoir ordonné son emprisonnement.
Provocation ou simple hasard de calendrier ? C’est le jour même de l’entrée en vigueur de la loi imposant le devoir de réserve aux officiers supérieurs de l’armée algérienne admis à la retraite que le général à la retraite Hocine Benhadid a choisi de recevoir chez lui des journalistes de trois quotidiens algériens (El Khabar, El Watan et Le Soir d’Algérie) et d’asséner ses vérités sur son incarcération longue de 10 mois.
Et il n’y va pas de main morte en accusant ouvertement la Présidence et l’Armée d’avoir ordonné son emprisonnement. « El Mouradia (Présidence) et les Tagarins (MDN) se sont mis d’accord pour me mettre en prison à cause de mes déclarations sur la chaîne El Magharibia portant sur la période des années 90 qui semblent avoir suscité des craintes auprès des responsables de l’Etat », soutient Benhadid. Et d’ajouter : «j’étais emprisonné sur un coup de fil et libéré par un autre coup de fil ». « Je suis dans une situation opaque. J’ai été emprisonné sans jugement et j’y suis sorti sous contrôle judiciaire », lâche-t-il encore.
Un peu plus d’un mois après son élargissement le 11 juillet dernier, le général à la retraite a signé sa première sortie publique en tordant le coup à une loi, conçue justement pour imposer le silence aux officiers admis à la retraite. Reste à savoir quelle serait la réaction des autorités algériennes face au problème posé par cet ancien général qui a pris sur lui de ne pas respecter cette loi faite pour réduire au silence des militaires comme lui très présents sur la scène médiatique.
La nouvelle loi, elle, prévoit, entre autres sanctions, une rétrogradation dans le grade. En effet, un de ses articles stipule que « le militaire de carrière, admis à cesser définitivement son activité au sein de l’armée et versé dans la réserve, qui manque gravement au devoir de retenue et de réserve, encourt la rétrogradation dans le grade ». « Le militaire de carrière admis à cesser définitivement son activité au sein de l’armée et versé dans la réserve, exerce librement les droits et libertés que lui confèrent les lois de la République. Il reste cependant, astreint à un devoir de retenue et de réservé. Dans cette position, tout manquement au devoir de nature à porter atteinte à l’honneur et au respect dus aux institutions de l’Etat, constitue un outrage et une diffamation et peut faire l’objet, à l’initiative des autorités publiques : de retrait de la médaille d’honneur ; de plainte auprès des juridictions compétentes conformément aux dispositions légales en vigueur », prévoit un autre article.
Yacine Ouchikh