Le ministre des moudjahidines contredit Pierre Daum
Les chiffres avancés par Pierre Daum dans son livre sur les Harkis ont été officiellement démentis par le ministre algérien des Moudjahiddines (les anciens combattants) mais aussi par un des négociateurs algériens des accords d’Evian, M.Redha Mmalek en l’occurrence.
Il fallait bien s’y attendre ! Les autorités algériennes n’ont pas tardé à réagir au livre ''Le dernier Tabou''de Pierre Daum qui traite des Harkis, une question très sensible de ce coté-ci de la Méditerranée. En visite hier dimanche 05 avril à Mascara, à l’ouest du pays, le ministre algérien des Moudjahiddines (anciens combattants) Tayeb Zitouni, a contesté les chiffres avancé par le journaliste français jugés « faux ». «Le manque de documents appropriés laisse libre cours aux écrivains outre-Méditerranée, notamment les Français, de spéculer sur tout ce qui a trait à cette époque», déplore M.Zitouni. Et d’enfoncer le clou : «Certains écrivains, particulièrement français, ont mis à profit cette opportunité pour donner des chiffres complètement faux notamment sur la situation des harkis».
«En l’absence de travaux algériens ce sont les étrangers qui vont s’acquitter de cette mission, mais les conséquences seront graves car les informations, les déclarations et les témoignages seront faussés », insiste-t-il encore. S’il conteste la véracité des statistiques avancées par M.Daum, le ministre algérien rejette les responsabilités sur ses compatriotes notamment les anciens moudjahiddines dont la « contribution », au travers de leurs témoignages, est, aux yeux de M.Zitouni, « plus que nécessaire » pour rétablir la vérité ! Un avis que ne partage pas totalement l’ancien premier ministre et négociateur des Accords d’Evian, Redha Malek, qui, dans une déclaration au journal arabophone El Khabar, estime que la balle est plutôt dans le camps des autorités algériennes qui, selon lui, « doivent faire le compte des dossiers et donner les vrais chiffres pour clore définitivement ce dossier pour ne pas laisser un moyen de chantage entre les mains des Français». Lui aussi considère les chiffres avancés par la partie française comme « exagérés ». « La version française sur les Harkis est sans fondement et n’est rien d’autre que de la propagande », estime-t-il. Selon Pierre Daum, sur les 450 000 Harkis ayant pris le parti de la France coloniale, pas moins de 420 000 sont restés en Algérie, après l’indépendance du pays !
Yacine Ouchikh