Le ministre des Moudjahiddines refuse de « tourner la page » de la colonisation
Avant même l'arrivée d'Emmanuel Macron à Alger pour une visite de « travail et d’amitié » demain mercredi (6 décembre), le ministre algérien des Moudjahiddines (anciens combattants, ndlr) Tayeb Zitouni, s’est pressé de mettre en avant le dossier de la mémoire pour rappeler au président français ses déclarations lors de la campagne pour la présidentielle française sur les méfaits de la colonisation qu’il a eu à qualifier de « crime contre l’humanité ».
Invité hier à un forum de la radio algérienne, M. Zitouni a soutenu que l’Algérie « attend beaucoup » d’Emanuel Macron sur le dossier de la mémoire, surtout que les propos de ce dernier sur la colonisation « sont les plus lourds qu'ait prononcé un président français », soulignant que « l'Algérie ne construira pas ses relations futures avec la France sur la base de déclarations mais sur du concret ».
« La visite que devra effectuer le président français en Algérie est une visite "ordinaire", mais ce qui lui confère un caractère particulier ce sont les relations bilatérales et les dossiers de la mémoire en suspens entre les deux pays », a-t-il ajouté, non sans préciser que « les deux pays ont franchi des pas satisfaisants dans différents domaines mais l'essentiel dans ces relations c'est le dossier de la mémoire ».
Droit dans ses bottes, le ministre algérien assure que « l'Algérie n'acceptera pas de marchander ni de tourner la page », tout en trouvant « légitime » l’insistance de certains milieux algériens à exiger des excuses de la France. « Nous ne sommes pas contre les Français mais contre le colonialisme français et nous ne renoncerons pas à réclamer nos droits (…) Les relations ne sauraient être bonnes sans le règlement des dossiers en suspens concernant la mémoire », soutient-il.
A Alger, le président français abordera certainement cette question de la mémoire qui, aussi sensible qu’elle soit, n’a pour autant pas empêché les gouvernements algérien et français d’avoir des relations denses, notamment pendant l’ère Hollande. Dans un communiqué rendu public lundi, l’Elysée a d’ailleurs indiqué que le président Macron « aura à s’exprimer sur la coopération, les questions régionales et la question mémorielle ».
Reste à savoir s’il réitérera les mêmes déclarations que celles qu’il a faites en février dernier, voire aller jusqu’à exprimer des excuses sur le passé colonial de son pays quoique cela parait invraisemblable.
Yacine Ouchikh