Le journal Echourouk censuré !

 Le journal Echourouk censuré !


Le quotidien arabophone Echourouk, à la ligne islamo-conservatrice, a fait l’objet aujourd’hui  d’une censure brutale. Sans crier gare, les deux imprimeries publiques algéroises, la SIA et la Simpral, ont refusé, l’après-midi d’hier, d’imprimer Echourouk, un journal à grand tirage, qui, toutefois, a paru normalement à l’ouest du pays.  


« Les autorités nous ont informés de cette interruption de tirage à 18h30 », a déclaré au site Algérie Focus, Adlène Mellah, conseiller du PDG du groupe Echourouk. Et de pester : « honte à ce gouvernement qui veut nous faire taire. Honte à vous monsieur Sellal qui exercez des pressions sur un quotidien populaire et respecté par tous les Algériens ». Droit dans ses bottes, le conseiller du PDG d’Echourouk affirme sûr de lui : « ces tentatives d’intimidation ne réussiront pas à nous affaiblir ».


Mais quelle mouche a donc piqué les responsables des deux imprimeries publiques au point de refuser de tirer pour leur plus grand client ? Certains sites comme Maghreb Emergent ont indiqué aujourd’hui que c’est le passage de la candidate tête de liste du Front des forces socialistes (FFS) à Alger, Salima Ghezali sur la télévision d’Echourouk qui a suscité cette réaction violente du gouvernement.


Une explication écartée d’un revers de la main par le conseiller du PDG du groupe Echourouk en déclarant à Algérie Focus que « les autorités nous ont informés de cette interruption de tirage à 18h30 alors que l’émission de Khaled Drareni (l’intervieweur de Salima Ghezali, ndlr) a été diffusée à 19h00».


La vraie raison est donc à chercher ailleurs. Une source au sein de la rédaction du journal s’est plainte, dans une déclaration faite au site Algérie1, de « pressions exercées par les autorités sur notre ligne éditoriale », c'est-à-dire la « neutralité de notre journal durant la campagne électorale ». « Cette pression s’est traduite  par le tarissement des ressources publicitaires de l’ANEP », a-t-elle ajouté.  


Pour le site Les dernières Nouvelles d’Algérie (DIA), l’interdiction de paraitre dont a fait l’objet Echourouk est en rapport avec les élections législatives. Dans l’édition censurée, le podcasteur « Anes Tina », dont une vidéo s’inspirant du célèbre film Erissala et surtout appelant au boycott de l’élection de jeudi prochain a fait le buzz  sur les réseaux sociaux, a donné la réplique au ministre des Affaires religieuses qui l’a accusé d’avoir porté « atteinte à la figure du prophète (QSSSL) et ses compagnons ».


Dans la même édition censurée, il y a aussi un reportage sur le peu d’enthousiasme des Algériens pour les élections législatives. Curieusement, le PDG d’Echourouk s’est muré dans un silence radio de peur peut-être d’"aggraver son cas" lui qui a une ardoise de plus de 70 milliards de centimes (7 millions de dollars environ) dans les imprimeries publiques.


Yacine Ouchikh