Le corps médical ne décolère pas
Le corps médical n’a toujours pas digéré la violence inouïe opposée par les forces anti-émeutes aux médecins résidents qui, mercredi 3 janvier, ont organisé, à l'appel du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), un rassemblement à l’intérieur du CHU Mustapha Bacha à Alger, lequel s’est malheureusement soldé par une quarantaine de blessés dont 20 graves.
En guise de protestation, les médecins résidents en pédiatrie ont refusé de passer leur examen de DEMS qui sanctionne la fin de leurs études médicales spécialisées. « Pour la première fois de l’histoire de la médecine en Algérie, il n’y aura pas de nouveaux assistants en 2018 », a déploré le Dr Taileb Mohamed, résident et membre du bureau national du Camra, dans une déclaration faite à TSA.
A Constantine, les médecins résidents ont tenu un rassemblement au CHU Ibn Badis avant d’investir la rue pour dénoncer les violences dont ont été victimes leurs collègues d’Alger. Autre action prévue par le Camra pour aujourd'hui : appel à un autre rassemblement national, mais cette fois-ci, au CHU d’Oran.
Solidaire avec les médecins résidents, le Conseil de l’ordre des médecins s’est mis de la partie en comptant lancer des poursuites judiciaires à l’encontre des policiers responsables des violences contre les médecins.
Dans un entretien accordé hier au site Tout sur l’Algérie (TSA), le président du Conseil de l’ordre des médecins, Mohamed Bekkat Berkani, a mis en avant le « devoir » de son organisation de « défendre la dignité et l’honneur des professions ». « Les médecins résidents du CHU Mustapha Pacha se sont fait tabasser par la police. De par le monde, vous avez ce qu’on appelle l’inviolabilité de l’enceinte hospitalière. Il y a une responsabilité. Samedi soir, le bureau national du conseil de l’ordre des médecins s’est réuni avec le Camra (Collectif autonome des médecins résidents algériens). Il a décidé de poursuivre en justice les personnes coupables de ces violences policières. Actuellement, nous sommes en train de collationner (les dossiers) », a-t-il affirmé.
Venus des quatre coins du pays, des centaines de médecins, pharmaciens et dentistes résidents ont organisé, mercredi dernier, un rassemblement dans l’enceinte du CHU Mustapha Bacha. Principale revendication des médecins résidents : la réforme du service civil qui oblige tout médecin ayant achevé six ans de spécialisation dans les hôpitaux à exercer entre deux et quatre ans dans les zones reculées du pays.
Yacine Ouchikh