Le chef de l’armée demande de déclarer le président Bouteflika inapte
C'est une surprise. Le chef d’état-major de l’armée algérienne Ahmed Gaïd Salah a proposé que le président Abdelaziz Bouteflika, affaibli par la maladie et contesté par la rue, soit déclaré inapte à exercer le pouvoir en vertu de la Constitution ou qu’il démissionne.
Le général Gaïd Salah, également vice-ministre de la Défense et considéré comme l’un des personnages les plus puissants du pouvoir algérien, a fait cette annonce surprise mardi 26 mars, plus d’un mois après le début d’une contestation populaire inédite. Pour sortir ce pays pétrolier de la crise, ce fidèle de M. Bouteflika a prôné le lancement de la procédure prévue par l’article 102 de la Constitution, applicable quand le président de la République «pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions» ou en cas de démission.
Désormais, la balle est dans le camp de M. Bouteflika lui-même, s’il choisit de démissionner, ou dans celui du président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaiz, un proche du président à qui il revient de lancer la procédure permettant de déclarer le chef de l’Etat inapte à exercer ses fonctions.
Seuls quelques klaxons ont accueilli la nouvelle à Alger.
Agé de 82 ans et au pouvoir depuis 1999, M. Bouteflika est affaibli par les séquelles d’un accident vasculaire cérébral qui, depuis 2013, l’empêchent de s’adresser de vive voix aux Algériens et rendent rares ses apparitions publiques.
«Il devient nécessaire, voire impératif, d’adopter une solution pour sortir de la crise», a déclaré le général Gaïd Salah, nommé en 2004 par le chef de l’Etat à la tête de cette puissante institution. Il a prôné une solution répondant aux «revendications légitimes du peuple», conforme à la Constitution et garantissant la «stabilité de l’Etat».
Ce sont les deux Chambres du Parlement, qui sur proposition du Conseil constitutionnel, votent à la majorité des deux tiers «l’état d’empêchement». Si «l’empêchement» se poursuit au-delà de 45 jours, le pouvoir est déclaré vacant. L’intérim se poursuit alors pendant 90 jours maximum, durant lesquels une présidentielle est organisée.
L’article 102 prévoit également cette procédure de «vacance» en cas de démission du président de la République.
La contestation en Algérie, pays membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a été déclenchée le 22 février par des manifestations massives contre l’annonce de la candidature de M. Bouteflika à un 5e mandat.
Face à la pression de la rue, le président algérien a renoncé à cette candidature mais a reporté la présidentielle prévue le 18 avril, prolongeant son actuel mandat jusqu’à un scrutin devant être organisé à une date incertaine, après une «Conférence nationale» chargée notamment d’élaborer une nouvelle Constitution.