Algérie : L’acharnement contre l’entrepreneur Youcef Baadja
Le politologue et chercheur en relations internationales, Sébastien Boussois revient sur l’acharnement du pouvoir contre un visionnaire du renouveau économique algérien, Youcef Baadja
Tribune de Sébastien Boussois
C’est un scénario à rebondissements, qui s’il n’impliquait pas un homme d’affaires visionnaire face à l’Etat algérien tout puissant et prêt à tout pour le faire taire, aurait pu faire l’objet d’un film. Youcef Baadja est un chef d’entreprises, négociant et trader algérien vivant notamment en Suisse et qui a longtemps misé sur son pays d’origine pour ses affaires mais aussi pour contribuer à son développement. Ainsi, il a développé, à partir de 2009, une activité d’exportation vers l’Algérie incluant divers produits tels que le ciment, le sucre, les fers à béton, le café, le lait en poudre, ainsi que les fruits et légumes secs. Cependant dès 2013, devant le succès rencontré, les autorités algériennes ont commencé à lui faire du chantage, cherchant à obtenir des commissions sur ses activités. Depuis, il a maille à partir avec Alger et opère depuis la Suisse où il s’est réfugié.
En effet, l’homme d’affaires a été impliqué par la justice algérienne dans plusieurs affaires qui ont attiré l’attention du public et des médias. Accusé de malversations financières, de transfert illicite et de fuite de capitaux à l’étranger, il a fait face à de nombreuses enquêtes et poursuites judiciaires. Ces affaires ont cherché à mettre en lumière des pratiques douteuses dans ses activités entrepreneuriales, suscitant des débats sur l’intégrité des milieux d’affaires sur place. Il a même fait l’objet d’une tentative d’empoisonnement et a été enlevé trois fois après avoir refusé de payer les pots de vin aux services algériens . Malgré ces accusations, Baadja a toujours clamé son innocence, affirmant être victime de machinations politiques visant à ternir sa réputation et à affaiblir son empire économique. Il est un des personnages parmi tant d’autres qui pourraient être une source d’espoir parmi tant d’autres muselés, dans une société qui a presque fini par renoncer à se révolter contre son pouvoir autoritaire.
Pourtant, Youcef Baadja a été un visonnaire de l’entrepreneuriat social algérien. Il fait partie de cette nouvelle génération d’entrepreneurs qui contribuent activement au développement économique du pays, en mettant l’accent sur l’innovation, la diversification et l’engagement social. Originaire d’une famille modeste, il a commencé son parcours dans le secteur du commerce, où il a rapidement démontré un flair exceptionnel pour les affaires. Dès ses débuts, il a su identifier des opportunités là où d’autres ne voyaient que des défis, ce qui lui a permis de se faire une place dans le monde compétitif des affaires en Algérie.
Il a fondé sa première entreprise dans le secteur du commerce de gros, se spécialisant dans la distribution de produits de consommation courante. Grâce à une gestion rigoureuse et une vision stratégique claire, il a su faire croître son entreprise de manière significative, posant ainsi les bases de ce qui allait devenir un empire commercial diversifié. C’est là qu’il a commencé à attirer les jaloux et les haineux du pouvoir.
Youcef Baadja n’a pas tardé à diversifier ses activités, élargissant son champ d’action à des secteurs tels que l’immobilier, l’industrie agroalimentaire, et plus récemment, les nouvelles technologies. Sa stratégie de diversification repose sur une analyse fine des marchés et une capacité à anticiper les tendances économiques. Tout ce que n’a jamais tenté le pouvoir algérien, vivant sur la rente pétrolière depuis des décennies et arrosant le peuple pour le calmer et acheter la paix sociale.
Dans le secteur immobilier, Baadja a investi dans des projets de grande envergure, notamment dans le développement de complexes résidentiels et commerciaux modernes, contribuant ainsi à la transformation urbaine de plusieurs villes algériennes. Son approche innovante, combinée à un souci du détail et de la qualité, a fait de ses projets des références dans le domaine. Dans l’agroalimentaire, il a misé sur l’innovation pour améliorer la production locale, en introduisant de nouvelles techniques de production et de gestion, visant à augmenter la compétitivité des produits algériens sur les marchés locaux et internationaux.
Outre ses activités commerciales, Youcef Baadja est également reconnu pour son engagement social. Conscient des défis sociaux et économiques auxquels l’Algérie est confrontée, il a toujours fait preuve d’une grande responsabilité sociale en soutenant divers projets communautaires et initiatives caritatives. Par la suite, Baadja va investir également dans l’éducation et la formation des jeunes, notamment en finançant des bourses d’études et en soutenant des programmes de formation professionnelle. Il croit fermement que le développement du capital humain est essentiel pour l’avenir du pays et que les entrepreneurs ont un rôle clé à jouer dans cette dynamique.
En somme, Youcef Baadja est plus qu’un simple homme d’affaires ; il est un véritable visionnaire dont l’impact sur l’économie algérienne est palpable. Grâce à son leadership, son sens des affaires et son engagement social, il incarne l’espoir d’une Algérie prospère, où l’innovation et la responsabilité sociale vont de pair. Un homme évidemment que le pouvoir ne veut pas voir devenir de plus en plus populaire, prendre de plus en plus de place, et qui pourtant par sa résistance montre l’archaïsme, la corruption, et l’autoritarisme d’un pouvoir algérien que l’on croit toujours en fin de course mais qui renaît à chaque fois. Les prochaines élections présidentielles auront lieu en octobre. Elles semblent une fois encore hélas jouées d’avance.